Du soulèvement de l’Inti Raymi à la Constitution du sumak kawsay: fonctions du kichwa dans le discours politique équatorien

  • Sarah Dichy-Malherme Université de la Rochelle-CRHIA et Université Paris Nanterre-EA 369 Études Romanes/CRIIA – IFEA

Résumé

Le kichwa occupe aujourd’hui une place à part dans le discours politique équatorien, sans équivalent parmi les autres langues originaires du pays. Si l’emploi revendicatif de mots kichwas fut d’abord le fait des organisations indigènes avec le « soulèvement de l’Inti Raymi » de 1990, on peut observer, au cours des trente dernières années, un essor du recours à cette langue pour symboliser un éventail de postures politiques qui relèvent à la fois de la rébellion contre l’ordre établi et de la recherche et construction d’une nouvelle utopie, enracinée dans une sagesse ancestrale plus ou moins mythifiée. Ce processus culmine avec l’entrée du kichwa dans la norme suprême de l’ordre juridique équatorien, à travers le principe du sumak kawsay inscrit dans la Constitution de 2008. Le présent article propose quelques pistes de réflexion sur ces fonctions symboliques de la principale langue indigène d’Équateur et sur les conséquences de tels usages pour le kichwa en tant que langue vivante, réellement parlée par une partie des citoyens.

 

Mots-clés : kichwa ; Équateur ; idéologies linguistiques ; analyse du discours ; éducation interculturelle bilingue.

 

Del “levantamiento del Inti Raymi” (1990) a la “Constitución del sumak kawsay » (2008), el kichwa ha pasado a ocupar un espacio aparte en el discurso político ecuatoriano, sin equivalente entre las otras lenguas originarias del país. Si bien el empleo reivindicativo de palabras en kichwa vino en primer lugar de las organizaciones indígenas, se puede observar, en los últimos treinta años, un auge del recurso a esta lengua para simbolizar todo un abanico de posturas, relacionadas a la vez con la rebelión contra el orden establecido y con la búsqueda y construcción de un orden nuevo, de corte utópico, arraigado en una sabiduría originaria más o menos mitificada. Ello culmina con la entrada del kichwa en el escalón más alto del ordenamiento jurídico del Ecuador, a través del "sumak kawsay", principio inscrito en la Constitución del 2008. El presente artículo propone unas pistas de reflexión sobre esos usos y sobre sus consecuencias para el kichwa como lengua viva, realmente hablada por una parte de los ciudadanos.

 

Palabras claves: kichwa; Ecuador; ideologías lingüísticas; análisis del discurso; educación intercultural bilingüe.

Publiée
2019-04-13