De la réécriture du corps féminin comme espace mémoriel, à la permanence du poétique

  • Sandra Monet-Descombey Hernández Université de Lyon 2-LCE, GRIAHAL

Résumé

Dans la poésie de Nancy Morejón (La Havane, 1944), le corps féminin, noir, métissé, créolisé, est un espace mémoriel qui porte encore les stigmates d’une colonialité caribéenne ancrée dans les représentations sociales et culturelles encore non-déracialisées. Fragmenté, déconstruit en contre-discours des clichés et des images de domination de l’hétéro-patriarcat, il est présenté dans ses textes (poésie, essai) d’après une perspective féministe et décolonisatrice, tout en valorisant les questionnements identitaires, sociopolitiques et culturels que cette réappropriation de l’Histoire entraîne, grâce à la mise en scène de la geste épique au féminin. La création chez N. Morejón est guidée par la volonté tenace de libérer les codes de représentation en produisant des contre-images et des contre-discours. Par la déconstruction des mythes racistes ou sexistes, dans le but de réduire le poids des préjugés et des aliénations, elle élabore un paysage poétique projeté vers des hétérotopies collectives différentes, un espace autre mais réinvesti par le chant au féminin et la voix en mouvement, du passé au présent.

Mots-clés : corps noir ; écriture poétique ; déconstruction des mythes.


En la poesía de Nancy Morejón (La Habana, 1944), el cuerpo femenino, negro y mestizo, es un espacio memorial marcado por una colonialidad caribeña omnipresente en las representaciones sociales y culturales aún sin desracializar. Fragmentado, deconstruido como contra-discurso de las imágenes de dominación heteropatriarcal, está presentado desde una perspectiva feminista y descolonizadora que pone de realce los cuestionamientos identitarios, sociopolíticos y culturales que esa reapropiación de la Historia permite llevar a cabo, mediante la puesta en escena de la gesta épica en femenino. La creación para N. Morejón es guiada por la voluntad tenaz de liberar los códigos de representación al producir contradiscursos y nuevas imágenes descolonizadas. Gracias a la deconstrucción de los mitos racistas o sexistas, con vistas a reducir el peso de los prejuicios y las alienaciones, ella elabora un paisaje poético volcado hacia heterotopías colectivas diferentes, un espacio otro del que emerge un canto en femenino y una voz en movimiento, del pasado al presente.

Palabras clave: cuerpo negro; escritura poética; deconstrucción de los mitos.

Publiée
2020-02-18