Ce numéro de Crisol, entièrement consacré aux littératures et sociétés de l’aire lusophone, se compose de deux parties.

La première, « Histoire et histoires du 25 avril », réunit cinq articles qui concernent le trentième anniversaire de la révolution des Œillets et le colloque international Mémoires d’avril, organisé par les Universités de Rennes 2 -Haute-Bretagne et Paris X - Nanterre, qui se tint du 27 au 31 avril 2004.

Les rapports et enlacements entre la fiction et cet événement marquant de l’histoire récente du Portugal sont tour à tour étudiés. Felipe Cammaert, dans « La fiction face à l’histoire : le souvenir du 25 avril dans Fado Alexandrino et O Manual dos Inquisidores » étudie la représentation de la révolution portugaise dans ces deux romans d’António Lobo Antunes, l’un des écrivains majeurs de la littérature portugaise contemporaine.

L’émergence de l’Histoire dans l’œuvre romanesque de José Saramago, prix Nobel de littérature, est l’objet de l’analyse de Sylvia Amorin, dans « L’Histoire dans la fiction : dictature et Révolution dans l’œuvre de José Saramago ». Elle y étudie plus particulièrement la représentation de la dictature et celle de la révolution dans l’œuvre de l’auteur de Levantado do Chão.

Pour sa part, Flávia Nascimento reprend cette même thématique en y ajoutant l’angle de la mémoire qu’elle analyse dans « Les entrelacements de l’Histoire, de la fiction et de la mémoire dans Alexandra Alpha », cette œuvre de José Cardoso Pires si représentative de la période post-révolutionnaire et dans laquelle l’auteur traite avec tant de pertinence la place de la femme dans la société portugaise d’alors.

Le 25 avril dans l’œuvre de Mário de Carvalho est le thème de l’article de Teresa Sousa de Almeida. L’analyse textuelle qu’elle réalise dans « Histoire d’une ellipse : le 25 avril dans l’œuvre de Mário de Carvalho » permet en effet, de dévoiler l’importance de cet événement – jusqu’alors apparemment absent – dans la production de cet auteur.

Puisque l’influence de la révolution des Œillets ne se limite pas à la société portugaise, et qu’elle fut déterminante pour l’avenir des colonies africaines, « Vinte e Zinco, chronique d’une non-date » de Marie-Françoise Bidault montre comment le 25 avril a été représenté dans cette œuvre du Mozambicain Mia Couto.

Enfin, un entretien de l’écrivain Urbano Tavares Rodrigues, personnage central des lettres portugaises des cinquante dernières années, accordé à José Manuel Esteves, donne à connaître toute la portée des changements que la société portugaise a connus depuis le 25 avril 1974.
À travers un vaste tableau de la production littéraire portugaise des dernières années, Urbano Tavares Rodrigues bâtit un véritable portrait du Portugal d’aujourd’hui.

Grâce à l’aimable autorisation de l’auteur, nous avons le plaisir de publier son conte, Tu viendras un beau matin, le soleil poindra1, traduit par Maria do Carmo Martins Pires.


La deuxième partie, « Cultures et littératures des mondes lusophones » comporte six articles sur le Brésil et le Portugal. Marcelo Ridenti ouvre la série avec « Artistes et politique : Brésil années 1960 » en y étudiant la littérature et la chanson engagées sous les premières années du régime militaire que le Brésil connut entre 1964 et 1985.

À son tour Graça dos Santos d’expliquer dans « Du corps physique au corps social. Les conditionnements du théâtre portugais au XXe siècle », comment sous l’Estado Novo portugais, le corps physique pouvait être la métaphore du corps social, aussi bien au Teatro de Revista que sur la scène nationale du Théâtre D. Maria II.

Le rôle joué para les sens dans la perception d’un univers aussi exotique que l’espace amazonien et libano-amazonien et son importance dans l’économie de l’œuvre de Milton Hatoum est mis à jour par Eden Viana Martin, dans « L’éveil des sens dans les romans de Milton Hatoum ».

Pour sa part, Idelette Muzart-Fonseca dos Santos dans « Ariano Suassuna et la poétique armoriale : éléments pour un déchiffrement du Brésil », fournit des clefs pour comprendre le rôle joué par l’histoire personnelle de l’écrivain dans son processus créatif. Elle souligne la mutation et la réécriture permanentes de l’œuvre de Suassuna. L’importance, l’originalité et surtout l’immense liberté de l’auteur de O Auto da Compadecida, sont ainsi mis en exergue.

Dans « Langue et pouvoir : Sargento Getúlio de João Ubaldo Ribeiro » Claudia Poncioni explique comment la complexité et la violence des rapports sociaux dans le Nord-est brésilien prennent forme dans cette œuvre à travers les liens qui existent entre la langue portugaise pratiquée par les Brésiliens instruits et celle parlée par les exclus du système scolaire.

Le dernier article de cette deuxième partie, « La ville en images dans la poésie moderne brésilienne : Mário de Andrade », de Aleilton Fonseca, nous ramène à l’univers urbain de São Paulo et aux rapports privilégiés qu’entretien l’auteur de Paulicéia Desvairada avec sa ville natale.

La ville est également présente dans le compte-rendu que José da Costa présente de Uma volta pela cidade, livre de poèmes que Sara Monteiro a présenté aux étudiants de Nanterre en 2004.

Nous voudrions remercier Michel le Stum et Manuela Valente pour le travail graphique qui illustre la couverture de ce volume. Son édition n’aurait été possible sans le soutien infaillible du directeur de la publication, Monsieur le professeur Thomas Gomez. Dès le départ, il a accueilli avec enthousiasme l’idée de ce numéro consacré au monde lusophone et nous a accordé toute sa confiance.


Nanterre, le 19 décembre 2005
Claudia PONCIONI
José Manuel ESTEVES

 

SOMMAIRE

 

Claudia PONCIONI et José Manuel ESTEVES – Avant-propos

1ère partie : Histoire et histoires du 25 avril

Felipe CAMMAERT – La fiction face à l’histoire : le souvenir du 25 avril 1974 dans Fado Alexandrino et o Manual dos Inquisidores d’António Lobo Antunes

Silvia AMORIN – L’Histoire dans la fiction : dictature et Révolution dans l’œuvre
de José Saramago

Flávia NASCIMENTO – Les entrelacements de l’Histoire, de la fiction et de la mémoire dans Alexandra Alpha, de José Cardoso Pire

Teresa SOUSA DE ALMEIDA – Histoire d’une ellipse : le 25-Avril dans l’œuvre de Mário de Carvalho

Marie-Françoise BIDAULT – Vinte e zinco : chronique d’une non-date

José Manuel DA COSTA ESTEVES – Entretien avec l’écrivain Urbano Tavares Rodrigues

Conte d’Urbano TAVARES RODRIGUES – Tu viendras un beau matin, le soleil poindra

 

2ème partie : Cultures et littératures des mondes lusophones

Marcelo RIDENTI – Artistes et politique : Brésil, années 1960

Graça DOS SANTOS – Du corps physique au corps social. Les conditionnements du théâtre portugais au XXe siècle

Eden VIANA MARTIN – L'éveil des sens dans les romans de Milton Hatoum

Idelette MUZART-FONSECA DOS SANTOS – Ariano Suassuna et la poétique armoriale : éléments pour un déchiffrement du Brésil

Claudia PONCIONI – Sargento Getúlio de João Ulbaldo Riberio : langue et pouvoir

Aleilton FONSECA – La ville en images dans la poésie moderne brésilienne : Mário de Andrade

Publiée: 2018-02-17

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