L’ouvrage que nous présentons est la publication des communications de la journée organisée dans le cadre de la série de manifestations consacrées au bicentenaire de l’Indépendance hispano-américaine à l’université de Paris Ouest Nanterre - La Défense entre le 26 mai et le 18 juin 2010. Cette journée intitulée « Nos petites indépendances : imaginaires et discours décalés sur l’indépendance hispano-américaine », complémentaire du colloque international sur « l’Indépendance de l’Amérique andine et l’Europe (1767-1840) », se propose de mettre l’accent sur l’aspect littéraire et culturel de l’Indépendance, mais dans une perspective différente, d’où le titre quelque peu atypique voire ludique. En effet, plutôt que suivre les sentiers battus et rebattus d’une certaine approche officielle d’un événement historique d’une ampleur continentale et d’une résonance idéologique tout aussi impressionnante, nous avons préféré les chemins de traverse ; il nous a semblé important de mettre l’accent sur les aspects moins connus ou détonants de cet immense événement historique, de porter un regard décentré, excentrique, sur le discours historiographique mais aussi imaginaire et culturel. Nous nous sommes donc intéressés aux héros de l’Indépendance, mais à ceux qui d’une certaine façon restent dans l’ombre des Libertadores, les jeunes martyrs, les femmes. Le regard de l’autre, de l’étranger, du voyageur, est également à prendre en compte comme un témoignage décentré, tout comme la fiction historique immédiate, celle des romans écrits au XIXe siècle ou plus critique et même carrément iconoclaste des grands romans du XXe siècle qui n’ont de cesse de faire descendre de leur piédestal ces héros de marbre et de bronze considérés comme les pères de la nation. Enfin les communications consacrées aux discours politiques cent ans après, quand commence le temps des commémorations, montrent combien l’événement est porteur d’interrogations majeures. Contrairement à la réflexion désabusée d’un Bolívar aux portes de la mort, « j’ai labouré la mer en vain », cette grande geste continentale et acte de naissance des jeunes pays d’Amérique latine a ensemencé un vaste champ d’investigation à l’entrecroisement de nombreuses disciplines, suscitant d’inépuisables et enrichissantes questions auxquelles nous espérons que cet ouvrage apportera sa contribution.
Françoise Aubès (coordinatrice)
Université Paris Ouest Nanterre-La Défense

 

SOMMAIRE

Françoise AUBÈS – Introduction

 

1 - Des acteurs inattendus

Présentation d'Alvar de La Llosa. Héros inattendus. Femmes et jeunes

Zunilda CARVAJAL – Le rôle des femmes dans l'Indépendance du Chili

Jesús MARTÍNEZ – Mogrovejo Mariano Melgar (1790-1815) o cómo fabular la Independencia

Alvar DE LA LLOSA – Luis Vargas Tejada (Colombie, 1802-1829)
entre création littéraire et dissidence politique

 

2 - Écrire l’Indépendance

Présentation de Françoise Aubès. D'histoires en Histoire

Harry BELEVAN-McBRIDE – Ideólogos de la Independencia del Perú

Marie-Madeleine GLADIEU – Le Pérou indépendant. Visions intérieures et extérieures de la nouvelle nation

Françoise AUBÈS – Etude du roman de l'Espagnol Ramón Soler. Adela y Matilde o los cinco últimos años de la dominación española (1843)

Béatrice MÉNARD – Sur les chemins de traverse de l'Histoire. La démythification de la figure de Simón Bolivar
dans El general en su laberinto (1989)

 

3 - L’Indépendance cent ans après. Discours politique, discours identitaire
Présentation d'Emmanuelle Sinardet. Commémorer les indépendances

Emmanuelle SINARDET – Quito au cœur des indépendances. Commémoration et mémoire dans Quito y la independencia de América de Jacinto Jijón y Caamaño (1922)

Stéphanie DECANTE – Cent ans après le syndrome du bovarysme national

Publiée: 2018-02-24

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