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Territoires en mouvement dans les mondes hispaniques du Moyen Âge à l’époque contemporaineNo 34 (2024)
Ce volume de la série numérique de la revue Crisol, intitulé « Territoires en mouvement dans les mondes hispaniques du Moyen Âge à l’époque contemporaine » marque, tout d’abord, l’aboutissement du projet quinquennal engagé au Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-Américaines (CRIIA) de l’Unité de Recherche Études Romanes de l’Université Paris Nanterre. Depuis 2018, plusieurs séminaires transversaux ont permis de mener une réflexion interdisciplinaire sur le(s) territoire(s) dans les mondes hispaniques en les appréhendant comme construction politique, économique, juridique, sociale, littéraire, culturelle et linguistique. Les échanges ont été l’occasion d’interroger, dans une perspective comparatiste, les différentes facettes des constructions identitaires, qu’elles soient nationales (construction d’une communauté imaginaire collective), groupales (identification à une « appartenance ethnique », évolutions et nouvelles représentations linguistiques) ou individuelles (traces de mémoires familiales, voyages, etc.). Tout en examinant les notions de frontières, de déplacements ou de circulations, ces rencontres ont visé à comprendre aussi bien les différents processus de déterritorialisation et de reterritorialisation, les formes de « travestissement » (ambivalences, résistances et dérives) des territoires que les phénomènes d’hybridations linguistiques, et les conséquences de ces déplacements.
Ce numéro est, ensuite, le fruit d’un colloque international organisé les 11 et 12 janvier 2024 réunissant une vingtaine de spécialistes de champs divers et d’horizons variés (universités françaises, européennes et américaines). Les articles rassemblés ici poursuivent ces explorations et étudient les différentes formes de territorialité qu’elles soient géographiques (Europe ibérique/États-Unis/Amérique latine), historiques (Europe ibérique/Amérique latine) ou linguistiques (variétés diatopiques de l’espagnol, espagnol en contact avec d’autres langues ibériques et amérindiennes).
Dans la première section de ce numéro, nous nous interrogeons sur le lien entre « Territoires et (re)création de récits nationaux ». En privilégiant la transversalité entre l’Espagne et l’Amérique latine, nous regroupons trois études qui mettent au jour des processus contemporains de (re)configuration de récits territoriaux à des fins institutionnelles, mémorielles ou encore culturelles. La production de récits et de contre-récits, l’élaboration d’imaginaires collectifs et l’émergence de nouvelles identités sont autant d’opérations envisagées, au fil de la section, au prisme du territoire, un territoire dont la mise en récit constitue, en définitive et selon les auteurs ici réunis, un vecteur d’affirmation identitaire.
Dans son article « La “République catalane” : entre construction identitaire et communauté politique », Alexandra Palau revient sur les stratégies politiques et communicationnelles mises en œuvre pour consolider et légitimer la construction d’une République catalane lors du cycle indépendantiste des années 2010. Sa réflexion repose non seulement sur l’analyse diachronique des discours d’investiture des présidents de la Generalitat entre 2015 et 2022 mais également sur la mise en lumière des modalités de la mobilisation citoyenne qui a abouti à la configuration de ce que l’auteure présente comme un « espace social militant ». Elle aborde également une autre facette du projet indépendantiste : l’instauration de nouveaux espaces numériques et médiatiques participatifs tels que Diplocat, organisme de diplomatie publique créé par le gouvernement catalan en 2012 et qui s’est converti en instrument de légitimation du projet de création d’une République catalane.
À sa suite, Maud Yvinec poursuit la réflexion dans son article « “Espinar, cuna de la nación K’ana” y “Challhuahuacho, capital histórica de la nación Yanawara” : desterritorialización minera y reapropiación étnica del territorio en los Andes del sur peruano » en se penchant sur l’émergence de nouvelles identités ethniques dans le sud des Andes péruviennes. En se concentrant plus particulièrement sur l’identité « K'ana » - dans la province d'Espinar - et sur l'identité « Yanawara » - le district de Challhuahuacho -, elle met en évidence comment ces processus constituent depuis la première décennie du XXIe siècle une stratégie de réappropriation territoriale face à l’essor de l’extractivisme. Après avoir analysé les réactions apparues localement face à ce qu’elle présente comme un « phénomène de déterritorialisation minière », l’auteure s’intéresse à la configuration de nouveaux récits territoriaux et à la façon dont ces discours émergents (re)signifient l’espace. Enfin, elle s’interroge sur la portée et les limites de la reterritorialisation ethnique actuellement à l’œuvre dans le contexte extractif spécifique des Andes péruviennes.
Le troisième article de cette section, « Las noches de la “heroica Valladolid” (Yucatán) : entre reescritura de la historia y búsqueda de una nueva identidad », écrit par Diana Barreto et Manfredi Merluzzi, questionne l’instrumentalisation du territoire local à des fins mémorielles à la lumière d’une célébration mexicaine, La Heroica Ciudad de Valladolid (État du Yucatán, Mexique). Tout en insistant sur les aspects performatifs de la mise en scène de la reconstruction historique de la ville, les auteurs montrent en quoi cette célébration contribue à la reconstruction d’un imaginaire collectif d’intégration territoriale et culturelle qui se base tant sur la réinterprétation des frontières raciales et coloniales que sur l’invisibilisation de certains épisodes traumatiques de l’histoire régionale maya.
La deuxième section se penche sur les relations entre « Territoires, langue et enjeux identitaires ». En effet, les mouvements de création et recréation de récits nationaux passent évidemment par la mise en avant de certains faits et de leurs représentations. Or, dans cette entreprise, la langue s’avère une véritable cheville ouvrière car elle est elle aussi un territoire travaillé par des enjeux identitaires. C’est ainsi que le doctorant sociolinguiste, Antoine Brahy, étudie la langue comme création identitaire transnationale dans son article « Le rôle de la langue dans la construction de l’Hispanidad ». Après avoir précisé l’origine et les contours de ce concept, l’auteur analyse la façon dont les institutions normatives (telles que la RAE) et les gouvernements nationaux utilisent la continuité linguistique de l’espagnol comme « levier identitaire » pour créer une communauté transnationale et la consolider. Ce sont ensuite les représentations individuelles que se font les locuteurs hispanophones des différentes variétés de l’espagnol qui intéressent ce jeune chercheur. Il met dans ce sens en lumière les hiérarchies, l’évolution des pratiques discursives dans la migration, qui sont autant de rapports de pouvoir généralement hérités de l’époque coloniale. L’étude s’achève sur la nouvelle grande préoccupation des institutions régulatrices de la langue : la création du panhispanisme, avec toutes les difficultés que suppose d’établir une norme sans écarter ses multiples fluctuations.
Parmi ces fluctuations, Ana Ramos Sañudo examine plus particulièrement celle de l’espagnol d’Andalousie dans son article « Représentations de l'identité linguistique des locuteurs de l'espagnol en Andalousie ». Rappelant la difficulté pour le linguiste de déterminer des frontières nettes lorsqu’on évoque des variations diatopiques, elle présente néanmoins plusieurs marqueurs discursifs propres et observe les appréciations - positives ou négatives - qu’ils engendrent, tant chez des auditeurs internes (i.e. andalous) qu’externes, et notamment dans la culture populaire contemporaine. Elle remarque ensuite que les stéréotypes moqueurs, longtemps véhiculés sur la variété andalouse de l’espagnol, ont abouti à une prise de conscience par les Andalous de leur spécificité linguistique. Aussi, ceux-ci tendent-ils aujourd’hui à renverser la vapeur et à revendiquer fièrement l’emploi de cette modalité comme un marqueur de leur identité propre, comme en attestent - notamment - plusieurs opérations publicitaires et marketing récentes citées par la chercheuse.
Une troisième section est consacrée aux « Territoires, circulations et (ré)appropriations ». Il s’agit de voir comment des réseaux et des dynamiques d’échanges se mettent en place dans les espaces, comment ces derniers les structurent et, dans le même mouvement, s’en emparent.
Dans ce sens, dans leur article « Migrations, empoderamiento et citoyenneté. Le cas des employées de maison latino-américaines à Madrid », Karine Bergès et Diana Burgos-Vigna insistent sur les liens entre le statut de femmes migrantes et l’existence d’un tissu associatif dynamique leur permettant de devenir des citoyennes à part entière dans leur pays d’accueil et de faire valoir leurs droits politiques, sociaux et économiques. Dans une première partie, les auteures exposent la situation de précarité, de vulnérabilité et d’infra-valorisation des travailleuses du secteur domestique. Grâce à une étude de terrain et des témoignages, elles expliquent ensuite comment le réseau associatif constitue un espace de solidarité et de défense de et pour ces femmes. L’analyse s’intéresse finalement à la relation entre citoyenneté, empoderamiento et féminisme. Au travers d’exemples précis, les auteures démontrent comment l’engagement collectif et la présence dans l’espace public représentent des moyens efficaces pour la participation politique de ces travailleuses migrantes.
À cette étude fait suite celle de Rocío Fuentes qui traite dans son article « Puentes interculturales: Los hablantes de herencia del español » la question de l’enseignement de l’espagnol auprès des élèves qui le pratiquent comme langue maternelle (ou langue d’héritage). Après avoir identifié les particularités des locuteurs des langues d’héritage (principalement la maîtrise de l’oral, la connaissance culturelle de premier ordre, la faiblesse de l’écrit), elle décrit les politiques éducatives développées par les États-Unis à destination de ces publics spécifiques et les allers-retours qui s’établissent entre la norme enseignée à l’école et la variante dialectale pratiquée en-dehors. Soulignant que la recherche pédagogique s’est concentrée jusqu’à maintenant sur des problématiques linguistiques (gestion des variantes diatopiques et diastratiques), Rocío Fuentes insiste sur l’importance d’une pédagogie basée sur les compétences interculturelles de ces élèves, notamment en tant que médiateur culturel. Elle expose ainsi l’intérêt d’utiliser une pédagogie différenciée en classe où les hispanophones d’héritage pourraient présenter des thématiques en lien direct avec leur trajectoire et leur communauté, pour en discuter avec les apprenants anglophones : ils deviendraient de ce fait des passeurs de culture, et permettraient d’enrichir l’ensemble des élèves en faisant circuler les savoirs d’un territoire à l’autre.
À la perspective sociale du premier article et à l’approche linguistique du deuxième s’ajoute une vision historique des phénomènes propres au territoire. Jules Rodrigues, dans son travail sur « Territoire, armée et défense nationale. De la territorialisation à la projection de forces de l’armée de Terre espagnole, XXe-XXIe siècles. », explore le lien qu’entretient l’armée de terre espagnole avec le territoire national. En fondant sa réflexion sur l’analyse diachronique des réformes opérées dans le domaine des forces armées entre 1893 et 2003, il met au jour les enjeux et les défis qui ont jalonné l’histoire de l’implantation territoriale de l’armée de terre en Espagne et revient sur les grandes étapes qui ont marqué l’évolution de la structure et des fonctions depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à l’époque actuelle. Sa contribution met en évidence la nécessité de penser les relations entre armée et territoire dans toute leur historicité pour saisir pleinement les dynamiques qui ont mené, en Espagne, d’une conception très territorialisée de la défense nationale à la déterritorialisation des forces armées.
Si ces derniers articles font référence à des études qui s’inscrivent dans la période contemporaine, le texte de Valentina Emiliani invite à aborder la question dans un temps plus lointain, puisqu’il propose une réflexion sur : « El barrio del nuncio. La relación de la nunciatura apostólica con la villa de Madrid en el siglo XVII ». Elle se concentre sur le territoire de la nonciature de la ville de Madrid et cherche à analyser les réseaux culturel, légal et économique qui se tissent dans l’espace territorial qui lui est attribué dans la capitale espagnole et la périphérie de celui-ci. Pour ce faire, elle accorde une place importante à la figure de l’ambassadeur, ainsi qu’à la législation particulière à ce quartier qui confère à ses résidents des privilèges et, pour le diplomate italien, l’immunité diplomatique. Valentina Emiliani poursuit par l’étude d’une série de cas de conflits (en particulier économiques et juridiques) que peut supposer la présence du représentant papal à Madrid. Après avoir exposé les différents types de résidents et acteurs du quartier de la nonciature à Madrid, l’auteure se penche non seulement sur les cas d’échanges culturels, les spécificités économiques et juridiques (concernant les réfugiés ou les criminels par exemple) mais aussi sur les prérogatives (« dispensa » et « bottigliera ») qui caractérisent cet espace particulier.
La dernière section du volume, intitulée « Territoires poétiques, itinéraires et résistances », examine la création littéraire afin de réfléchir aux rapports dynamiques qui existent entre la littérature et le territoire. Les articles qui la composent questionnent les liens entre représentation, langue et identités, en plaçant l'errance et l'étrangéité au cœur de leurs analyses. Que ce soit parce qu’ils luttent contre la langue, parce qu’ils démantèlent ses frontières pour permettre l'avènement d'une nouvelle manière d'habiter le territoire, ou parce qu’ils s'affranchissent des attentes de la couleur locale, voire de l'authenticité du regard sur son propre territoire en tant que critère de légitimité, la poésie et le roman sont définis dans ces études comme des alliés indispensables pour résister à l'enfermement et à la sclérose des identités et de l’écriture.
Dans son article, « Le territoire au prisme de la disparition. César Vallejo ou l’invention d’une langue transfrontalière », Jordana Maisian parcourt l'itinéraire biographique de César Vallejo en révélant comment le déplacement vers d'autres espaces entraîne une réactivation de son territoire et de sa langue, créant des “effets de territoire” qui suscitent une “langue transfrontalière” au cœur de sa poésie. Quant à Leonardo Valencia, dans « Aquí tampoco, allá también. Mapa roto de la novela latinoamericana », il se propose de sonder la portée et les possibilités de la déterritorialisation du roman latinoaméricain contemporain. Pour cela, ses réflexions s'appuient sur l'analyse de l’œuvre de deux écrivains argentins. Quelques romans de César Aira permettent de concevoir une littérature - représentée par la métaphore du castrat - qui ne cherche pas à fonder des nations à travers sa descendance, mais qui se veut une performance produisant des sens qui ne la précèdent pas. La référence à l’essai Exotismo approfondit cette réflexion tout en établissant un lien avec l'œuvre de Jorge Luis Borges, qu'Aira et Valencia revisitent tous deux. En sillonnant les essais de Discusión, notamment « El escritor argentino y la tradición », l'auteur de cet article revendique la liberté thématique totale rendue possible par la « mort du roman », ainsi que la pudeur, condition indispensable à l’imagination.
En conclusion, les réflexions publiées dans ce volume viennent clore une étape de réflexion collective et confirment l’intérêt de la transdisciplinarité pour penser les “Territoires en mouvement dans les mondes hispaniques du Moyen Âge à l’époque contemporaine”. Puissent-elles encourager des chercheurs et chercheuses à poursuivre dans cette voie et à en explorer d’autres dimensions.
Dalila Chine Lehmann, Lou Freda, Lina Iglesias, Alice Kadri, Cecilia Reyna, Diana Sarrade Cobos, Allison Taillot.
SOMMAIRE
1. Territoires et (re)création de récits nationaux
Alexandra Palau (Université de Bourgogne, Centre Interlangues - TIL) : “ La “République catalane” : entre construction identitaire et communauté politique”
Maud Yvinec (Université Paris 1- Panthéon Sorbonne et membre de l’UMR Mondes Américains) : ““Espinar, cuna de la nación K’ana” y “Challhuahuacho, capital histórica de la nación Yanawara” : desterritorialización minera y reapropiación étnica del territorio en los Andes del sur peruano”
Diana Barreto (UNAM, México) - Manfredi Merluzzi (Università di Roma Tre, Italia) : “Las noches de la “heroica Valladolid”(Yucatán): entre reescritura de la historia y búsqueda de una nueva identidad”
2. Territoires, langue et enjeux identitaires
Antoine Brahy (Université de Lorraine, ATILF/CNRS) : “ Le rôle de la langue dans la construction de l’Hispanidad”
Ana Ramos Sañudo (Université Paris Nanterre, CRIIA) : “Représentations de l'identité linguistique des locuteurs de l'espagnol en Andalousie”
3. Territoires, circulations et (ré)appropriations
Karine Bergès (Université Paris Est - Créteil, Imager) et Diana Burgos-Vigna (Université Paris Nanterre, CRIIA-GRECUN) : “Migrations, empoderamiento et citoyenneté. Le cas des employées de maison latino-américaines à Madrid”
Rocío Fuentes (Central Connecticut State University) : “Los hablantes de herencia como puentes interculturales: consideraciones para el desarrollo de un marco pedagógico intercultural.”
Valentina Emiliani (Università degli studi Roma tre, Italia – Universidad de Cantabria, España) : “El barrio del nuncio. La relación de la nunciatura apostólica con la villa de Madrid en el siglo XVII”
Jules Rodrigues Rodrigues (Université Paul-Valéry Montpellier 3, Laboratoire 3L.AM - Langues, Littératures, Linguistique des Universités d’Angers et du Mans) : “Territoire, armée et défense nationale. De la territorialisation à la projection de forces de l’armée de Terre espagnole, XXe-XXIe siècles.”
4. Territoires poétiques, itinéraires et résistances
Jordana Maisian (ENSA Paris-Malaquais, Laboratoire Architecture, Culture, Sociétés/UMR AUSser CNRS 3329) : “Le territoire au prisme de la disparition. César Vallejo et l’invention d’une langue transfrontalière”
Leonardo Valencia (Universidad Andina Simón Bolívar, Équateur) : “Aquí tampoco, allá también. Mapa roto del paisaje histórico en la novela latinoamericana”
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Directrice de la publication : Caroline Lepage
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La narrativa del terror de Mariana Enriquez – Los peligros de leer en la camaNo 33 (2024)
Ce 33e volume de Crisol est entièrement consacré à l’auteure argentine Mariana Enriquez. À l’occasion de son inscription au programme de l’Agrégation externe d’espagnol pour les deux prochaines années universitaires (2025-2026), avec Los peligros de fumar en la cama (2009) et Las cosas que perdimos en el fuego (2016), nous avons en effet décidé de lui témoigner notre admiration en invitant une large palette de ses lecteurs·rices à parler de son œuvre. Elles et ils ont eu carte blanche pour écrire sur le thème et sur le ton de leur choix.
Voici donc, nous l’espérons, de quoi nourrir la réflexion des étudiants, de nos collègues enseignants-chercheurs et, plus largement, des amatrices et amateurs de la «Reina del terror».
La narrativa del terror de Mariana Enriquez – Los peligros de leer en la cama est un numéro ouvert; nous y intégrerons les textes à mesure que nous les recevrons.
Davy Desmas Loubaresse, Sandra Gondouin, Caroline Lepage
SOMMAIRE
Cecilia Katunaric (Docteure en Études Hispaniques et Études de Genre), «Parole d’auteur – Entretien avec Mariana Enriquez»
Elena Geneau, Julia de Ípola Université, Marisol Martini, Cecilia Reyna, Sheila Siguero Université (Paris Nanterre/ CRIIA), «La humareda de la impunidad – Las cosas que perdimos en el fuego, Mariana Enriquez (2016)»
Agustina Bazterrica, «“Chicos que vuelven” de Mariana Enriquez: Onda expansiva»
José Amícola (Universidad Nacional de la Plata -Argentina), «El aljibe como sitio de auto-reconocimiento (gótico)»
Caroline Lepage et Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre / CRIIA), «Lectures / Lecturas de Los peligros de fumar en la cama, de Mariana Enriquez», 1 («El desentierro de la angelita» – «La virgen de la tosquera»)
Caroline Lepage, Julia de Ípola et Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre / CRIIA), Sophie Marty (Université de Bourgogne), «Lectures / Lecturas de Los peligros de fumar en la cama, de Mariana Enriquez», 2 («El carrito»)
Caroline Lepage, Julia De Ípola et Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre – CRIIA), «Lectures / Lecturas de Los peligros de fumar en la cama, de Mariana Enriquez» / 3 («El aljibe»)
Salomé Dahan (Université de Strasbourg), «L’écriture des marges dans quelques contes de Mariana Enriquez»
Mónica Velásquez Guzmán (Universidad Mayor de San Andrés), «Daño transferible e im-potencias masculinas en “Diferentes colores hechos de lágrimas” de Mariana Enriquez»
Sandra Gondouin (Université de Rouen Normandie – ERIAC / CRIIA), «Lire Mariana Enriquez à la lumière des symbolistes français – des nouvelles sur le fil de la beauté corrompue»
Ixchel Marcos (Universitat de València), «Liminalidad en lo insólito. La mujer migrante en la narrativa corta de Mariana Enríquez y M.ª Fernanda Ampuero»
Lorena Amaro Castro (Pontificia Universidad Católica de Chile), «“¿Dónde estará mi imagen?” Muertos y no muertos en dos cuentos de Mariana Enriquez»
María A. Semilla Durán (Université Lyon 2), «Huellas, marcas, restos. La descomposición política y social en la narrativa de Mariana Enríquez»
Vanessa Rodríguez De La Vega (Missouri State University), «‘Cuando los muertos hablan’, recuperación de la memoria en Alguien camina sobre tu tumba de Mariana Enriquez»
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Basta! Femmes contre la violence de genreNo HS (2024)
C'est avec joie et émotion que je rassemble aujoud'hui les traductions de plusieurs des anthologies ¡Basta! Mujeres contra la violencia de género –les versions chilienne (2011), péruvienne (2012), argentine (2013), bolivienne (2014) et colombienne (2015)– sous l'égide de la revue Crisol du Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-Américaines de l'Université Paris Nanterre.
Ce projet de traduction collective est né il y a maintenant 9 ans, avec une poignée de collègues et, surtout, avec mes étudiant·e·s de l'époque, de l'Université de Poitiers et de l'Université Bordeaux Montaigne, où j'assurais encore des cours de traduction dans le cadre du «Master Professionnel Métiers de la traduction», puis s'est poursuivi avec mes étudiant·e·s de Nanterre, des Master recherche Études Romanes et du Master Parcours International. Ce sont des heures intenses de discussions et de débats passées autour de ces textes puissants et importants de femmes témoins, de femmes créatrices… vis-à-vis desquelles nous avons compris que nous avions une grande responsabilité en mettant leurs mots, leurs douleurs silencieuses et, souvent, leurs cris de révolte dans notre langue. Il ne s'agissait ni de les forcer, ni de les édulcorer. Il y a dans notre démarche bien plus qu'un «simple» travail; il faut y voir aussi notre engagement… notre volonté de contribuer à cette immense et incroyable projet qu'est ¡Basta!, lancé au Chili par l'infatigable et admirable Pía Barros pour Ediciones Asterión, poursuivi au Pérou par Cucha del Águila et Christiane Félip Vidal, en Argentine par Amor Hernández, Fabián Vique, Leandro Hidalgo, Miriam Di Gerónimo et Sandra Bianchi, en Bolivie par Gaby Vallejo C., en Colombie par Yanneth Peña, Nathalie Pabón Ayala, Nally Mosquera, Carlos Medina et Amor Hernández.
Je les remercie toutes et tous pour leur travail et leur générosité au moment de nous autoriser à traduire ces textes dans un projet de traduction qui est d'ailleurs loin d'être bouclé puisque nous avons encore sur notre table de travail les versions mexicaine, vénézuélienne et panaméenne de ¡Basta! C'est en cours… et nous les ajouterons progressivement à ce volume Hors série de Crisol.
Je tiens ici également à remercier Virginie Cazeaux. Engagée depuis un an dans un projet de thèse sur ¡Basta!, elle m'a en effet donné l'impulsion et l'énergie qu'il me manquait pour reprendre ces traductions inachévées et pour sortir d'un cadre de publication « privé » celles réalisées (jusque-là, ces traductions avaient été mises en ligne sur la plateforme Calaméo, sous le label de Lectures d'ailleurs), au bénéfice de ce cadre universitaire qui, nous l'espérons l'une et l'autre, lui assurera la diffusion qu'il mérite. Et c'est aussi avec elle que nous avons lancé l'idée folle de lecture de l'intégralité des textes en version originale de ¡Basta! dans le cadre de capsules mises en ligne sur la chaîne YouTube du CRIIA, dans une playlist dédiée: Lisons Basta! Mujeres contra la violencia de género. Nous en sommes à bientôt 150 textes lus par 150 lectrices et lecteurs différent·e·s. Merci à elles et eux d'avoir accepté de nous prêter leur voix pour porter la voix de ces femmes…
Merci, enfin, à mes collègues (Marie-Ella Briand, Davy Desmas, Elvire Díaz, Erich Fisbach, Sandra Gondouin, Marie-José Hanaï, Hélène Roy-Labbé, Emmanuelle Sinardet, Chloé Tessier, Eva Touboul, Graciela Villanueva) et aux dizaines d'étudiant·e·s qui ont contribué à la réalisation de ce projet de traduction.
Bonne lecture!
Caroline Lepage
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La littérature en espagnol au lycée. Programmes de spécialité LLCER Espagnol cycle Terminal, Bachibac et BFI section espagnolNo HS (2024)
Depuis la mise en place de la réforme du Lycée général, en 2019, et dans la perspective du continuum bac -3/bac +3, il existe en Cycle terminal une spécialité Langue, Littérature et Civilisation Étrangère et Régionale Espagnol, qui comprend, en Première, deux thématiques, et trois en Terminale.
À ces thématiques spécifiques est rattaché un programme limitatif différent pour chacune des deux années, composé de 4 œuvres littéraires et un film. Ces programmes sont renouvelés tous les deux ans, en alternance.
Par ailleurs, l’enseignement de littérature des sections binationales de Baccalauréat franco-espagnol, dites Bachibac, s’inscrit dans un thème d’étude renouvelé tous les deux ans, reposant là encore sur deux œuvres intégrales.
Enfin, l’enseignement d’approfondissement culturel et linguistique en espagnol pour le Baccalauréat Français International (BFI) prévoit, pour la Terminale, un programme limitatif de trois œuvres de la littérature espagnole et hispano-américaine du XXe et du XXIe siècles.
Ce sont donc 13 œuvres intégrales et 2 films que les enseignants d’espagnol du secondaire en charge de classes d’approfondissement culturel et linguistique de BFI, de Bachibac ou de la spécialité LLCER Espagnol sont amenés à préparer tous les ans.
Consciente de l’importance de ces programmes, la SoFHIA, avec l’appui du CRIIA, se propose d’organiser à chaque début d’année scolaire une journée d’études sur les œuvres au programme, mettant ainsi à profit les compétences de ses membres spécialistes de littératures espagnole et hispano-américaine, ainsi que du cinéma hispanophone des deux continents, qui sont donc à même de proposer aux enseignants de lycée des outils d’analyse et des approches originales sur les différentes œuvres au programme, afin de les accompagner dans la préparation de leurs cours.
Ce volume hors-série de Crisol offre les articles tirés des communications présentées lors de cette journée d’études, et sera donc amené à être enrichi de nouvelles contributions tous les ans, au fil de l’évolution des programmes. Nous espérons sincèrement que les collègues en charge de ces enseignements, ainsi que tous ceux désireux d'enrichir leur culture hispanophone, prendront connaissance avec intérêt de ces contributions.
Eva Touboul
SOMMAIRE
Caroline Mena-Bouhacein (Université Caen-Normandie), «Enseigner la littérature étrangère en langue étrangère: un regard sur Caperucita en Manhattan (1990) de Carmen Martín Gaite»
Eugénie Romon (HTCI), «Échanges et transmission dans Caperucita en Manhattan de Carmen Martín Gaite»
Marta Espinosa Berrocal (CREC), «Lecturas de La buena letra, de Rafael Chirbes»
Laurence Garino-Abel (UGA), «Cuando la investigación policiaca se hace posmoderna: el caso de El misterio de la cripta embrujada, de Eduardo Mendoza»
Liliana Riaboff, «Crónica de una muerte anunciada, el drama de un autor silenciado»
José Luis Sánchez Noriega, «Filmar la ilógica de la dominación: También la lluvia»
José Luis Sánchez Noriega, «Icíar Bollaín - Introducción»
Caroline Lepage, «Entre deux rives marquéziennes : La increíble y triste historia de la cándida Érendira y de su abuela desalmada (1972)»
Elvire Díaz, «Maribel y la extraña familia, de Miguel Mihura (1959), entre "Altérité et convivencia"»
Caroline Mena-Bouhacein, «Rhétorique de l'enfance dans Los niños tontos d'Ana María Matute»
David Barreiro Jiménez, «La representación cultural de un imaginario familiar y el entramado narrativo de Como agua para chocolate (1989), de Laura Esquivel»
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Ecritures migrantes et mutantes dans les nouvelles littératures d'autrices latino-américainesNo 31 (2024)
Ce volume numéro 31 de Crisol, intitulé Écritures migrantes et mutantes dans les nouvelles littératures d'autrices latino-américaines, rassemble les communications entendues lors des deux jours du colloque qui s’est tenu à l’Institut National Universitaire Champollion d’Albi les 21 et 22 septembre 2023, co-organisé par Davy Desmas Loubaresse (Institut National Universitaire Champollion) pour le CEIIBA, par Sandra Gondouin (Université de Rouen Normandie) pour l’ERIAC, par Caroline Lepage (Université Paris Nanterre), pour le CRIIA, et par Olga Lobo (Université Paul Valéry – Montpellier 3) pour le CRESO.
Tout est parti de l’envie de travailler ensemble de quatre enseignants-chercheurs dont les centres d’intérêts communs les rapprochent en effet étroitement autour des nombreux et complexes questionnements relevant de l’ultra-contemporanéité dans les discours et dans les formes qu’elle bâtit et affiche au sein de cette zone si particulière de la littérature. Inviter une quinzaine d’universitaires, doctorant·es, Maîtres·sses de Conférences et Professeur·es des Universités, à réfléchir à la façon dont les femmes prennent une place et s’imposent aujourd’hui au premier plan dans le panorama littéraire en Amérique latine était en somme un point d’entrée logique vers ce territoire à peine exploré par la critique des littératures d’aujourd’hui et, à peine envisagé seulement, de celles qui pourraient s’écrire demain. Un point d’entrée que nous envisageons comme un départ pour, depuis la structuration d’un réseau réunissant nos quatre universités et que nous avons baptisé NUCLEON2010+, rester attentif·ves aux devenirs des littératures hispano-américaines et, justement en les suivant à la trace, essayer de poser les jalons d’études critiques sur la base desquelles l’histoire littéraire pourrait encore s’écrire depuis l’université… Audrey Louyer, de l'Université de Reims Champagne-Ardenne, nous rejoindra dans cette nouvelle aventure collective.
Pour l’heure, ce numéro 31 de Crisol rassemble 15 textes, en sus de la belle introduction que nous a généreusement proposée Michèle Soriano ; mais il restera ouvert à d’éventuelles nouvelles contributions. À bon·ne entendeur·se !
(Nous remercions les éditions Alfaguara de nous avoir autorisé·es à utiliser gracieusement l’illustration de couverture créée pour le roman Cadáver exquisito de A. Bazterrica).
Davy Desmas Loubaresse, Sandra Gondouin, Caroline Lepage et Olga Lobo
SOMMAIRE
Michèle Soriano (CEIIBA, Université Toulouse – Jean Jaurès), «Territoires littéraires et diffraction du champ culturel transnational»
Sophie Marty (Université d’Orléans), «¿La Academia, mundillo sadomasoquista? Una lectura de Body Time, de Gabriela Alemán (2003)»
Benoît Coquil (Université de Picardie Jules Verne), «La patrie travestie: réécritures subversives du XIXe siècle argentin chez Gabriela Cabezón Cámara, Ana Ojeda et Camila Sosa Villada»
Sandra Gondouin Université de Rouen Normandie - ERIAC, «Las primas d’Aurora Venturini, un iconotexte mutant?»
Jose González Palomares (Université de Toulouse Jean Jaurès, CEIIBA), «La fragmentación de lo (sobre) natural en Distancia de rescate de Samanta Schweblin»
Nadège Guilhem Bouhaben CEIIBA, Université Toulouse Jean-Jaurès, «Écrire l’épuisement du monde. Mugre Rosa de Fernanda Trías»
Véronique Pitois Pallares (Université Paul-Valéry Montpellier 3 – EA740 Iriec), «Temporada de huracanes de Fernanda Melchor: en el ojo del ciclón… y en el centro, el margen»
Erich Fisbach (3L.AM – EA 4335 - Université d’Angers), «Fragmentación y distopía en la narrativa de Giovanna Rivero»
Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre/ CRIIA), «“Su rastro de caracol”: el recorrido de la mirada en El nervio óptico (2014) de María Gainza»
Olga Lobo (Université Paul Valéry, Montpellier 3. CRESO), «La novela Frankenstein de Nona Fernández. A propósito de Avenida 10 de julio (2021)»
Catherine Pélage (Université d’Orléans, Laboratoire REMELICE EA 4709), «Nombres y animales de Rita Indiana (República Dominicana): poética líquida y descubrimiento de nuevos mundos»
Julia de Ípola (Université Paris Nanterre – CRIIA), «Monstruos y mutación en Pelea de gallos (2018) y Sacrificios humanos (2021) de María Fernanda Ampuero»
Marie-José Hanaï (Université de Rouen Normandie, ERIAC (UR 4705), F-76130, Mont-Saint-Aignan, France), «El problema de los tres cuerpos de Aniela Rodríguez: voces dolientes de México y de la intimidad humana»
Marie-Agnès Palaisi (CEIIBA, Université Toulouse 2-Jean Jaurès), «Enjeux stratégiques de la cyber-littérature pour les minorités de genre Le cas de Minificcion para niñxs LGTBI de Sayak Valencia»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre/CRIIA), «Migrations, mutations, transgressions et révolutions dans Jauría de Maielis González»
Thérèse Courau (CEIIBA, Université Toulouse Jean Jaurès), «Écritures en transition: sexo-dissidence et débordement des genres dans la littérature argentine contemporaine»
Davy Desmas Loubaresse (Institut National Universitaire Champollion), «Actualisation féministe de la forme fragmentaire dans Tomar tu mano de Claudia Hernández»
Raúl Caplán (ILCEA4 - Université Grenoble Alpes), «La ciudad invencible de Fernanda Trías: una reescritura nómada y sensible de Buenos Aires»
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Directrice de la publication : Caroline Lepage
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Mélange 2023No HS (2023)
C'est avec une immense joie que le CRIIA (Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines) célèbre aujourd'hui les 40 ans de Crisol.
C'est en effet en 1983 que le Professeur Bernard Sesé lance notre revue; nous lui devons 19 numéros, publiés jusqu'en 1994. Nous les avons numérisés et vous pouvez les trouver en cliquant ici.
En 1997, le Professeur Thomas Gómez assure le relais et crée la «Nouvelle série», qui compte 20 numéros. À quoi il faut ajouter celui, le 21e, à travers lequel ses collègues et ami·e·s lui ont rendu hommage. Ces volumes ont également été numérisés et vous les trouverez en cliquant ici.
À partir de 2018, la Professeur Caroline Lepage prend à son tour la direction de Crisol, pour, notamment, en assurer le passage vers le format numérique. À ce jour, 30 numéros et 4 Hors série ont ainsi été mis en ligne (pour un total de 495 articles), confiés à des spécialistes, enseignant·e·s-chercheur·se·s et doctorant·e·s, de l'Université Paris Nanterre et, bien plus largement, à des collègues d'autres universités, françaises et étrangères. Les champs couverts sont on ne peut plus vastes et divers puisqu'après avoir commencé avec un numéro consacré à la didactique des langues, nous avons ensuite abordé des sujets relevant de questionnements relatifs aux domaines de la civilisation, de la littérature, des arts visuels et de la linguistique… cela sans frontières ni géographiques ni temporelles puisqu'on lira des articles portant à la fois sur l'Espagne et l'Amérique latine, pour une période allant du Moyen-Âge au XXIe siècle. Il y a en somme là de quoi, nous l'espérons, non seulement alimenter la réflexion individuelle et collective, mais aussi contribuer aux débats citoyens de maintenant.
40 ans, ça se fête !
Pour cette occasion, nous avons donc mis sur pied ce numéro Hors série, coordonné par Caroline Lepage, Sandra Gondouin et Laurie-Anne Laget. Il paraît ce jour avec une dizaine de textes et recueillera, tout au long de l'année 2024, les contributions des chercheur·se·s désireux d'apporter leur petite pierre à l'édifice… de souffler avec nous ces belles bougies. N'hésitez pas à nous proposer votre contribution. Il s'agit pour le CRIIA d'ouvrir largement ses pages à la communauté scientifique afin de rendre hommage à nos deux regrettés pères fondateurs, Bernard Sesé et Thomas Gómez, et à tout·e·s ceux·celles qui, au fil du temps, ont fait de Crisol ce qu'elle est à présent. Nous sommes fier·ère·s de notre héritage et c'est avec reconnaissance, peut-être, également, le sentiment de porter une certaine responsabilité que nous nous tournons vers l'avenir… pour bien d'autres projets.
Un grand merci aux équipes de Crisol pour leur travail. Le Comité scientifique: Zoraida Carandell; Dalila Chine; Jean-Stéphane Durán-Froix; Sandra Gondouin; Lina Iglesias; Béatrice Ménard; Diana Sarrade Cobos; Emmanuelle Sinardet; Allison Taillot; Eva Touboul; Amélie Piel. Et le Comité éditorial: Pauline Cœuret; Julia de Ípola; Garcon Lévana; Grolleau Alexia; Yann Seyeux; Inès Jacques.
Caroline Lepage, Sandra Gondouin et Laurie-Anne Laget
SOMMAIRE
Diane Bracco (Université de Limoges [EHIC]), «Geografía de una resiliencia: estudio de la espacialidad en Madre de Rodrigo Sorogoyen»
Fausto Garasa (Université de Tours, ICD, EA-6297), «Déplacements et représentations conceptuelles et spatiales dans les sociétés pyrénéennes traditionnelles de l’Aragon contemporain»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre / CRIIA - HLH), «De faux “vrais” adieux de García Márquez»
Álvaro López Fernández (Universitat de València), «En las fronteras del wéstern y de lo fantástico: los casos de Basilisco (2020), de Jon Bilbao, y Peregrino transparente (2023), de Juan Cárdenas»
Yann Seyeux (Université Paris Nanterre / Études romanes — CRIIA), «Tecnologías Vitales (2022) d’Edgar Gómez Cruz: une invitation à (enfin ?) penser les cultures numériques depuis l’Amérique latine»
Clara Siminiani León (Universidad de Alcalá / Université de Strasbourg), «Anatomía del jardín: De la física cuántica a lo fantástico en Hubo un jardín de Valeria Correa Fiz»
Sabrina Wajntraub Université (Paris Nanterre / Études Romanes – CRIIA]), «Repenser la bio d’Eva Duarte Perón au 70ème anniversaire de sa mort (1952-2022). Le cas de la mini-série argentine Santa Evita (2022)»
Víctor Alarcón (Pontificia Universidad Javeriana, Bogotá), «Algunos usos de lo sobrenatural en el Caribe. Los casos de El reino de este mundo y Del amor y otros demonios»
Aurore Ducellier (Université de Limoges, EHIC), «Légalité et clandestinité de l’écriture poétique dans les prisons franquistes»
Darío Varela Fernández (Sorbonne Université, CRIMIC – UR 2561), «Adolphe Falgairolle (1892-1975) Un passeur culturel entre la France et l’Espagne tombé dans l’oubli»
Julia de Ípola (Université Paris Nanterre / CRIIA), «Le plébiscite chilien de 2022: la franja electoral en perspective»
Pauline Cœuret (Université Paris Nanterre / CRIIA), «Quand le fait divers devient événement: analyse du féminicide d’Ingrid Escamilla et de ses impacts dans la société mexicaine»
Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre / CRIIA), «2022, “justo centenario” de Aurora Venturini. Reediciones, rectificaciones, reparaciones: cómo y por qué leer a la autora hoy»
Amélie Piel (CRIIA, Université Paris Nanterre), «Cet autre démonstratif: le système des déictiques de l’espagnol classique»
Cathy Fourez (Univ. Tours, EA 6297 - ICD-Interactions Culturelles et Discursives, F-37000 TOURS, FRANCE), «Industrie du spectacle et tyrannie du corps dans Friquis (2016) de Fernando Lobo: le graal de la beauté (fatale)»
Salomé Dahan (Université de Paris-Est Créteil), «Récupérer la mémoire des femmes dans la guerre des Malouines: Nosotras también estuvimos de Federico Strifezzo (2021)»
Audrey Louyer (Université de Reims Champagne-Ardenne - CIRLEP /EA4299), «Fantastiques géométries. De l’arabesque au rhizome: «métriser» l’inquiétante étrangeté du cuento en Amérique Latine»
Oscar Gamboa Durán (Universidad Sorbonne Nouvelle), «Retos del género como una comunidad imaginada, relaciones entre mujeres y los cuestionamientos antinormativos de En rojo de Gisela Kozak»
Lou Freda (EHEHI – Casa de Velázquez / CRIIA – Université Paris Nanterre), «Sororidad y ejemplaridad en la prosa de Sofía Casanova»
Françoise Richer-Rossi (Université Paris Cité, Laboratoire ICT / Identités, Cultures, Territoires, Les Europes dans le monde), «Les lettres et les ouvrages d’Alfonso de Ulloa envoyés à Philippe II depuis Venise: la mémoire de l’événement à l’épreuve de la prison»
Cynthia Gabbay (Université d’Orléans, Remelice-Le Studium Loire Valley Institute for advanced studies; Centre Marc Bloch Berlin), «L’Autotraduction de Mika Feldman Etchebehere ou l’écriture à deux plumes pour un pacte cosmopolite»
Claudia Torre (Universidad Nacional de Hurlingham /Argentina), «Narrativa desobediente argentina. Una aproximación a Llevaré su nombre (2021) de Analía Kalinec»
Inès Guégo Rivalan (Université Rennes 2 – CRIIA, Université Paris Nanterre), «Les représentations topiques des synesthésies dans le théâtre de l’âge d’argent en Espagne (1911-1936)»
Nathalie Besse (Université de Strasbourg – CHER / UR4376), «La monstruosité dans Los actores perversos de José Adiak Montoya: jeux narratifs et jeux de perspectives»
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Les femmes et le XIXe en Espagne: un siècle en marche vers la modernité / Las mujeres y el XIX en España: un siglo en marcha hacia la modernidadNo 30 (2023)
Ce numéro spécial de Crisol repose sur une double idée : il s'agit d'une part de renouveler le regard porté sur le XIXe siècle, en particulier espagnol, parmi les hispanistes français.
D'autre part, nous inscrivant dans la perspective plus large d'une remise en question des panoramas androcentrés qui ont dominé les sciences ou les Humanités jusqu’à il a peu, le dossier présenté ici se propose de suivre quelques autrices, parfois tombées dans l'oubli ou reléguées à un rôle secondaire, qui ont cependant contribué à faire bouger les lignes de leur siècle, à bousculer les normes admises. Bref, à faire advenir la modernité de leur temps en devenant sujets de leur destin.
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La idea de este número especial de Crisol es doble: por un lado, se trata de renovar la mirada de los hispanistas franceses sobre el siglo XIX español, en particular.
Por otra parte, desde la perspectiva más amplia de un cuestionamiento de los panoramas androcéntricos que han dominado las ciencias y las Humanidades hasta hace poco, el dosier aquí presentado se propone seguir a algunas autoras, a veces olvidadas o relegadas a un papel secundario, que han contribuido sin embargo a sacudir su siglo y las normas aceptadas. En resumen, que han propiciado la modernidad de su tiempo convirtiéndose en sujetos de su propio destino.
Christian Boyer et Sylvie Turc-Zinopoulos
SOMMAIRE
Christian Boyer et Sylvie Turc-Zinopoulos, Préface - Prefacio
José Manuel González Herrán (Universidade de Santiago de Compostela), «Mujeres violentas en algunos cuentos de Emilia Pardo Bazán»
Marie-Angèle Orobon (CREC-Université Sorbonne Nouvelle), «Le triomphe de l’idée moderne : allégories féminines au XIXe siècle en Espagne»
Emilia Pérez Romero (Lycée Leonard de Vinci – Saint-Witz), «Emilia Pardo Bazán, narradora de la vida moderna»
Dolores Thion Soriano-Mollá (Item /Cellam. Université de Pau et des Pays de l’Adour, Université de Rennes 2), «Emilia Pardo Bazán en el ocaso de la poesía»
Manuelle Peloille (3L.AM, Université d'Angers), «Sofía Tartilán, el progreso por etapas»
Gloria Espigado Tocino (Universidad de Cádiz), «Un texto pionero del feminismo español: Rosa Marina, La mujer y la sociedad (1857)»
Elena Hernández Sandoica (Universidad Complutense de Madrid), «Poseer la palabra y anhelar la justicia. Autonomía femenina y libre pensamiento en Rosario de Acuña (1850-1923)»
Sylvie Turc-Zinopoulos (Université paris Nanterre / CRIIA), «Modernidad de Julia Codorniu ante la Ley española en Mis versos (1894)»
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Continuités et DiscontinuitésNo HS (2023)
Ce volume de Crisol rassemble les contributions issues du séminaire du groupe Horizons des littératures Hispaniques (membre du CRIIA) consacré à «Continuités et Discontinuités». Cette fois, plutôt que de publier en même temps, à la fin du cycle, l'intégralité des articles, nous avons décidé de les mettre en ligne au fur et à mesure… afin que celles et ceux qui se retrouvent dans le cadre de ces rencontres mensuelles de HLH ou, simplement, celles et ceux qui s'intéressent à nos travaux puissent nourrir leur réflexion à mesure qu'elle se développe à travers une trace écrite formalisée de nos échanges.
Le volume s'enrichira donc régulièrement de nouveaux textes pendant les deux prochaines années.
Pour commencer, Graciela Villanueva (Professeur à l'UniversitéParis-Est Creteil) nous offre un solide cadrage théorique et un éventail des approches méthologiques possibles de ce que l'on entend par continuité et discontinuité. Françoise Aubès (Professeur émérite à l'Université Paris Nanterre) nous propose, à partir du cas particulier de l'écrivaine péruvienne Karina Pacheco Medrano, une réflexion sur la question des effets de continuités et discontinuités, recherchés ou non, produits via la création de recueils ou d'anthologies de nouvelles. Corinne Mencé-Caster s'appuie sur un corpus de textes littéraire du domaine hispaniques pour interroger ce qui relève de la continuité – comme signes et symptomes de l'adhésion à un ordre dominant – et ce qui relève de la discontinuité – comme signes et symptomes de périodes de crise et de remise en cause de l'ordre dominant. Sophie Marty s'est penchée sur le cas du roman Cuaderno ideal, de Brenda Lozano (2014) qui représente un vrai défi justement pour faire roman depuis une apparente hyper-fragmentation. Quelles stratégies visibles et moins visibles sont-elles convoquées pour faire un tout. Dans un texte intitulé «Le recueil de formes brèves au prisme de la transtextualité Poétique, herméneutique, pratique», Julien Roger propose une théorisation, une poétique du recueil de formes brèves de prose à partir du corpus théorique de Gérard Genette dans Palimpsestes, ébauche une herméneutique de la transtextualité du recueil en tant que forme – il s'appuie sur Las fuerzas extrañas, de Leopoldo Lugones, pour étayer son propos. Julia de Ípola, elle, a travaillé sur PR3 Aguirre, de la Portoricaine Marta Aponte Alsina, pour interroger l'usage et la construction des continuités entre l'écriture documentaire et l'imagination au moment de poser les jalons d'une complexe et ambiguë théorie de l'écriture de la mémoire.
Les séances du séminaire de HLH font régulièrement l'objet d'une captation mise ensuite en ligne sur la chaîne YouTube du CRIIA. N'hésitez pas à aller les regarder.
Captation de la séance avec Graciela Villanueva
Captation de la séance avec Laura Gentilezza
Captation de la séance avec Françoise Aubès
Captation de la séance avec Corinne Mencé-Caster
Captation de la séance avec Sophie Marty
Captation de la séance avec Julia de Ípola
Captation de la séance avec Julien Roger
Captation de la séance avec Renée-Clémentine Lucien
Captation de la séance avec Marion Gautreau
SOMMAIRE
Graciela Villanueva (Univ Paris-Est Creteil, IMAGER, F-94010 Creteil, Franceet EUR FRAPP), «Perception et construction de la (dis)continuité. Quelques pistes en vue d’une réflexion sur ces concepts en littérature»
Françoise Aubès (Université Paris Nanterre – CRIIA / HLH), «Étude de la continuité mystérieuse du recueil à partir de l’œuvre de la romancière péruvienne Karina Pacheco Medrano (1969, Cusco)»
Corinne Mencé-Caster (Lettres Sorbonne Université - Faculté des lettres CLEA (UR 4083), «Construire la discontinuité littéraire contre la linéarité du langage. Quelques études de cas dans la littérature hispanique»
Sophie Marty (REMELICE/CRIMIC), «“Un cuaderno es una vía láctea de letras”: continuidades y discontinuidades en una obra de Brenda Lozano»
Julien Roger (Sorbonne Université - CRIMIC UR2561), «Le recueil de formes brèves au prisme de la transtextualité Poétique, herméneutique, pratique»
Renée Clémentine Lucien (Sorbonne Université CRIMIC EA 2561), «Continuités et discontinuités, des «vibrations magnétiques» dans et entre deux anthologies de femmes poètes, Nancy Morejón et Georgina Herrera»
Julia de Ípola (Université Paris Nanterre / CRIIA), «L’archipel et l’autoroute: continuité et discontinuité dans PR3 Aguirre (2018), de Marta Aponte Alsina»
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La variation linguistique en espagnol: approches pluriellesNo 26 (2023)
Le projet qui se dessine dans le titre de cette publication La variation linguistique en espagnol: approches plurielles s’ancre pour nous dans un questionnement profond et dans un temps long qui a déjà permis de produire une série de travaux consacrés au domaine de la variation. Nous avions pu alors évaluer l’importance de la variation non seulement en diachronie et en diatopie, mais aussi dans des emplois sociaux, institutionnels et pragmatiques qui nous ont fait prendre conscience du pouvoir fédérateur de ce domaine de recherche qui se pose comme un outil indispensable pour mieux connaître et comprendre les rapports entre la langue et la société. Si ces travaux ont pu éclairer et dynamiser de nombreux pans de la recherche dans des domaines variés allant de la langue à la littérature et à la civilisation dans les pays de l’aire hispanique, ils sont loin d’avoir épuisé la question et ont, bien au contraire, ouvert de nouvelles perspectives de recherche et de nouveaux questionnements. C’est que la notion de variation peut être abordée sous plusieurs angles et peut intéresser des chercheurs provenant de différentes disciplines. Ce numéro de Crisol, consacré à la variation dans les domaines de la langue et de la littérature, se donne pour objectif d’observer la variation au sens large cette fois, dans un monde hispanique d’une très grande diversité au-delà du concept générique qui englobe les peuples de langue et de culture espagnole sous la bannière de l’hispanidad. Il nous aura encore une fois permis de rassembler des travaux inédits d’une très grande qualité autour de cette notion féconde qu’est la variation.
SOMMAIRE
Introduction, Alejandra Barrio (CRILLASH, Université des Antilles) et Alexandra Oddo (Études Romanes-CRIIA, Université Paris Nanterre)
Première partie – L’espagnol dans sa diversité: diatopie, diachronie, diastratie et diaphasie
Corinne Mencé-Caster (CLEA, Sorbonne Université), «La problématique de la ‘disparition’ et/ou de la co-existence des phonèmes: variations synchroniques et diachroniques et approches phonologiques en espagnol ancien et contemporain (Espagne et Amérique)»
Olivier Iglesias (CLESTHIA, Sorbonne Nouvelle), «Si pudiera o pudiese: la variation dans l’emploi des formes en -ra et en -se depuis une perspective idiolectale»
Carmen Quintero (Études Romanes-CRIIA, Université Paris Nanterre/Universidad Complutense de Madrid), «Rosa y rosado: cuestiones de variación lingüística»
Ana Ramos Sañudo (Études Romanes-CRIIA, Université Paris Nanterre), «Variación pragmática regional de marcadores discursivos de (des)acuerdo en el español de Andalucía»
Alejandra Barrio (CRILLASH, Université des Antilles), «Fenómenos de variación y alternancia en el español de hablantes bilingües en Martinica»
Deuxième partie – D’autres coordonnées de la variation: la phrase, le texte
Alexandra Oddo (Études Romanes-CRIIA, Université Paris Nanterre), «Apports de l’axe diachronique dans l’étude de lavariation des unités phraséologiques en espagnol»
Jean-Claude Anscombre, (LT2D, CNRS), «Tabús, censura y variaciones en el refranero soez»
Bernard Darbord (Études Romanes-CRIIA, Université Paris Nanterre), «Variation autour de la strophe 61 du Libro de buen amor»
Clara Dauler (CRILLASH, Université des Antilles), «De La novela de mi vida à Regreso a Itaca ou les variations du genre romanesque dans l’œuvre de Leonardo Padura»
Raquel Gómez Pintado (CLEA, Sorbonne Université), «Traduire l’hétérolinguisme de la littérature des Petites Antilles francophones en espagnol. Études de cas: Maryse Condé et Raphaël Confiant»
Compte-rendu de lecture
Emmanuelle Sinardet, «Marie-Lise Gazarian, Gaston von dem Bussche, Jaime Quezada, Pedro Pablo Zegers, El rescate del Baúl de los recuerdos: diálogo en torno a Gabriela Mistral»
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Le Siècle d'or dans la culture populaireNo 29 (2023)
Le Siècle d’or dans la culture populaire
Lorsque Terry Gilliam se propose d’adapter sur grand écran le chef-d’œuvre de Miguel de Cervantès (The Man Who Killed Don Quixote, 2018), il ne sait pas qu’il se lance dans un périple de plus de deux décennies, fait de revers et de déconvenues à la chaîne (problèmes de financement chroniques, conflits avec les producteurs, acteurs empêchés de jouer et jusqu’aux inclémences du ciel qui perturbèrent le tournage), un périple mouvementé qui reproduit en quelque sorte celui du héros cervantin qui en est à l’origine . Cette genèse tourmentée, à laquelle l’intrigue du film finalement achevé ne manque pas de faire référence, serait-elle une métaphore de la relation volontiers tumultueuse qu’il peut y avoir entre Siècle d’or – convoqué à travers son personnage le plus iconique, Don Quichotte – et culture populaire ?
Le Siècle d’or ne se cantonne pas, loin s’en faut, aux pages des manuels scolaires et n’est pas l’apanage des universitaires et des concours de recrutement. C’est son existence hors des murs de l’université et des institutions qui le font vivre habituellement et l’ont élevé au rang de Siècle d’or précisément qui nous intéresse dans ce vingt-neuvième numéro de Crisol ; une existence parallèle, voire alternative, qui n’a souvent que faire du prestige qui l’entoure (quoiqu’elle l’exploite de bonne grâce) et des instances qui l’ont pour ainsi dire canonisé, et qui dépoussière, osons le mot, une culture que d’aucuns jugeront lointaine et scolaire ; une existence qui bat en brèche l’habituel cloisonnement entre haute culture et culture populaire. Ce n’est donc pas la culture populaire, que l’on définit d’ordinaire, en effet, par opposition à la haute culture (ce serait la définition la plus simple, une définition par la négative), qui nous occupe pour elle seule, mais bel et bien la façon dont elle s’approprie une culture vieille de plusieurs siècles, et ce qui en résulte.
On entend ici par culture populaire, conformément à la définition qu’en donne Shirley Fedorak, dans son ouvrage intitulé Pop Culture (2009), la culture de tous les jours, la culture de masse, qui touche un vaste public, non pas de façon incidente, mais par vocation et à dessein. Et au-delà du caractère massif qui est le sien et des critères proprement quantitatifs (nombre de ventes, de likes, de reproductions), c’est le geste de l’appropriation qui se trouve au cœur de la culture populaire [C’est d’ailleurs ce qui la différencie, nous dit Richard Mèmeteau, de la contre-culture, hostile à toute réappropriation ou récupération : « Les idées d’authenticité et de nouveauté définissent profondément la contre-culture et son paradigme moderniste. Au contraire, la pop culture est située par beaucoup du côté du postmodernisme, de la parodie et du collage » (Pop culture. Réflexions sur les industries du rêve et l’invention des identités, Paris, La Découverte, 2019 [2014], p. 17. Voir également p. 290-291)], et, pour notre propos, l’appropriation de certains personnages et de ses avatars, d’un univers fictionnel qui appartiennent à la culture du Siècle d’or – entendu dans ses bornes chronologiques larges et dans son versant essentiellement littéraire comme la période qui va de la fin du règne des Rois Catholiques jusqu’à la fin du règne des Habsbourg et l’époque baroque. Appropriation créatrice de la part de ceux qui en font quelque chose (d’autre) et appropriation au carré de la part du public qui consomme ces produits du Siècle d’or passés à la moulinette pop.
Ce numéro de Crisol a donc pour objet la culture populaire et/dans le Siècle d’or, deux concepts qui ne constituent pas un couple si antinomique que l’on pourrait d’abord le croire. Ce n’est ni une entreprise de réhabilitation de la culture populaire que la nôtre, ni un examen des mérites comparés des manifestations culturelles populaires et des manifestations littéraires consacrées. Ce qui motive ce numéro, c’est la volonté d’étudier, sans préjugés ni condamnations esthétiques aprioristiques, dans une perspective fondamentalement transmédiatique, ces manifestations culturelles populaires bigarrées qui s’emparent des œuvres littéraires et du Siècle d’or pour en faire autre chose : les faire connaître, les vulgariser, s’en moquer, leur rendre hommage, les amplifier, développer les mille possibilités qu’offre leur univers fictionnel, concrétiser leurs virtualités, les exploiter à des fins publicitaires, récréatives, journalistiques, étant entendu que les motivations ne s’excluent pas les unes les autres. L’intérêt se porte également sur les objets culturels qui recréent l’Espagne des XVIe-XVIIe siècles, s’en inspirent de façon plus ou moins appuyée, ou nous plongent dans l’ambiance de cette époque : depuis les œuvres d’Antonio Hernández Palacios, la bande dessinée Les Indes fourbes (Ayroles/Guarnido, 2019) jusqu’aux jeux vidéo (Blasphemous, The Game Kitchen/Team17, 2019), en passant par certaines créations vestimentaires de Cristóbal Balenciaga.
La grande diversité, pour ne pas dire la dissimilitude, des objets culturels accueillis dans ce volume (dessin de presse et d’actualité, vêtements de haute couture, morceau de trap, série télévisée, mème…) et certains rapprochements que certains jugeront peut-être acrobatiques, trouvent leur cohérence dans le fait que ce sont les rives du Siècle d’or qui sont abordées, sous le prisme de la fiction le plus souvent, et dans la diffusion potentiellement massive qui est la leur. La culture populaire se définit moins par les caractéristiques propres de ses manifestations, en effet, que par ses canaux de production, de diffusion et de réception, par l’ampleur du public qu’elle peut atteindre. C’est donc une réflexion sur ce qu’est la culture populaire à laquelle sont invités les lecteurs, et sur les opérations que ce passage d’une œuvre (ou d’œuvres) de la culture consacrée à la culture populaire suppose, que celle-ci soit marquée du sceau de la Movida ou de l’imaginaire volontiers gaillard d’un Francisco Ibáñez. Ce champ d’étude, d’actualité si l’en est, à l’heure où les séries s’attaquent à certains personnages de l’imaginaire collectif de cette époque (Águila roja, TVE, 2009 ; Isabel, TVE, 2012 ; El Ministerio del tiempo, TVE, 2015 ; Carlos, rey emperador, TVE, 2015) et les fandoms sont plus actifs que jamais sur internet, n’a été que peu exploré pour ce qui est des revisitations et de l’exploitation du Siècle d’or. Il est vrai que la culture pop s’incarne essentiellement dans des figures pop de naissance, des figures fictionnelles actuelles destinées, d’emblée, à toucher un large public, et appartenant aux genres qui se vendent le mieux. Et pourtant, n’y a-t-il pas une mode du Siècle d’or ? Le revival du Siècle d’or, s’il a lieu, ne viendra-t-il pas justement de la culture populaire, à une époque où il a moins le vent en poupe, semble-t-il, à l’université ?
Au-delà de la dimension proprement hypertextuelle et transfictionnelle de la réappropriation sur laquelle se penchent la plupart des contributeurs, et les réflexions de nature forcément intermédiale que suppose le passage d’un média (texte littéraire, le plus souvent) à l’autre (cinéma ; jeux vidéo ; musique, depuis l’album La leyenda de la Mancha du groupe Mägo de Oz, une chanson de Lhasa, intitulée La Celestina, jusqu’aux clips musicaux parodiques de certains youtubeurs), ce sont les opérations qui président au passage d’un texte littéraire, d’un tableau consacrés à son existence populaire qui nous interrogent : l’adaptation, l’adultération, la profanation diront certains, la simplification que l’on postule à l’arrière-plan (a-t-on raison de la postuler ?), l’acclimatation aux coordonnées de l’époque qui est la nôtre, et le décalage entre la contemporanéité de ces manifestations culturelles et l’époque des objets qu’elles convoquent. Ce sont donc moins les transformations que subit tel élément de l’univers fictionnel classique auquel on puise qui attirent notre attention, que les stratégies des auteurs (entendus au sens large) pour créer des œuvres attractives, pour rendre accessible le Siècle d’or, à supposer qu’il ne le soit pas sans ce truchement, pour s’assurer un succès commercial, sinon un succès d’estime ; autrement dit, les transformations qui visent à actualiser le Siècle d’or, qui le font vivre, en même temps qu’elles le dénaturent, ou, pour le dire mieux, qui le font vivre précisément parce qu’elles le dénaturent, l’adaptent et le re-sémantisent. Ces produits culturels qui se saisissent du Siècle d’or et en font un élément de distinction pourraient-ils s’apparenter à des produits d’appel à même de donner envie au grand public de s’y intéresser, de le (re)découvrir et de revenir à la source ?
Nous ne perdons pas de vue qu’il est moins question de la migration d’un texte dans un autre texte ou sur un autre support, et des liens qui se tissent entre les deux, que de réception au long cours. Notre intérêt se porte aussi bien sur les adaptations filmiques, les adaptations sous forme de bandes dessinées, de romans graphiques, qui agrègent l’image au texte d’origine, que sur les réécritures qui s’affranchissent de celui-ci, investissent un univers fictionnel, l’image d’un personnage, pour ce qu’il représente, les valeurs dont il est porteur (à commencer par Don Quichotte, pouvait-il en être autrement ?), et donnent lieu à des crossovers inattendus. Les objets, qui, sans ressortir à la littérature, jouent avec elle, l’utilisent à des fins humoristiques, promotionnelles ou d’actualité, comme pur prétexte aussi (on pense à certains gifs), ont également retenu notre attention.
Quels sont les pans de la culture du Siècle d’or que la culture populaire investit volontiers, et pourquoi ? Y a-t-il à ce titre un Siècle d’or pop(ulaire) ? S’il est vrai que l’on définit communément ce qui est populaire par son contraire, c’est-à-dire ce qui appartient en propre à une culture élitiste, d’intellectuels ou d’initiés, ou à une contre-culture, l’appropriation tous azimuts par un large public de certains motifs, de certains mythèmes de la culture du Siècle d’or, « qui deviennent ainsi de véritables électrons de sens, libres de survivre pour eux-mêmes ou d’entrer dans de nouvelles combinaisons, de nouveaux récits », [Jean-Jacques Wunenburger, « Création artistique et mythique », Questions de mythocritiques. Dictionnaire, Imago, 2005, p. 78] ne met-elle pas en évidence les limites d’une telle distinction ? Certaines intrigues chevaleresques, picaresques ou quichottesques, au succès résonnant en leur temps, ne sont-elles pas intrinsèquement populaires et, par là même, plus susceptibles que d’autres d’être concernées ? Cette appropriation dont nous avons parlé va-t-elle nécessairement de pair avec un aplatissement des enjeux des textes ainsi pris pour cible ? Ces œuvres qui réélaborent des classiques de la littérature et de la peinture, et sur lesquelles pèse donc un horizon d’attente particulièrement aiguisé, mettent-elles nécessairement en scène un retour réflexif sur leur propre pratique, comme chez Terry Gilliam ? Le Siècle d’or peut-il être un produit culturel de consommation comme les autres ? Géographiquement et historiquement circonscrit, le Siècle d’or peut-il véritablement accéder au rang d’objet populaire ?
Autant de questions auxquelles s’attachent à répondre les auteurs de ce volume — qu’ils soient tous ici chaleureusement remerciés, ainsi que les évaluateurs qui ont pris part à l’élaboration de ce dernier —, réceptacle d’études et d’objets d’études qui se trouvent habituellement éparpillés en divers endroits et limités au champ disciplinaire qui est le leur.
Bonne lecture !
SOMMAIRE
Mercedes Blanco, «Introduction»
Victoria Aranda Arribas, «De gozos y sombras: Tarde llega el desengaño (María de Zayas, 1647) a la luz de José Antonio Páramo (TVE, 1969)».
Anaïs Fabriol, «Voyage vers le Siècle d’or: El Ministerio del Tiempo ou la transfictionnalisation de l’Histoire».
Enrique Fernández, «Una Celestina en la Argelia contemporánea en la película Délice Paloma (2007)»
Eduardo Hernández Cano, «Entre patrias e imperio. Relatos sobre la España áurea en el cómic para durante la democracia (1978-2022)»
Isabelle Touton et Lise Segas, «Poderoso caballero es don Pícaro : l’art de la perspective trompeuse et de la référentialité ingénieuse dans Les Indes Fourbes».
José Manuel López Torán, «El Quijote en la revista ilustrada Puck : del Siglo de Oro español a la edad dorada de la prensa estadounidense (1880-1914)»
Santiago López Navia, «Mortadelo de la Mancha de Francisco Ibáñez (2005): recreación, parodia y homenaje»
José Luis Ocasar Ariza, «La contracultura de los ochenta y el Siglo de Oro. La Movida ante el canon»
Luis Navarrete-Cardero et Antonio Jesús Gil González, «Dialéctica de una oposición. Conexiones hermenéuticas entre Barroco histórico y dispositivo videolúdico»
Soline Martinez et Yann Seyeux, «Velaske, yo soi guapa? Une version trap de Las Meninas»
Citlalli Luna Quintana, «Memes áureos: la emblemática del siglo XXI»
Philippe Denis, «Balenciaga ou la promotion de l’imaginaire pictural du Siècle d’or»
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Innovations dans l’hispanisme: Enseignement à distance, Humanités numériques et MOOC/ Innovación en los estudios hispánicos: Aprendizaje a distancia, Humanidades Digitales y MOOC/ Innovations in Methodologies and Syllabus: Distant Learning, Digital Humanities, and MOOC in Hispanic StudiesNo 28 (2023)
Ce volume propose de réfléchir à un thème que la revue Crisol a peu abordé jusqu'à présent, malgré l’importance croissante de celui-ci dans la vie universitaire, notamment avec la pandémie : l'enseignement à distance. Pourtant, l'innovation pédagogique et scientifique passe aussi par l’usage des technologies numériques. C'est pourquoi nous présentons différents retours d'expériences en matière d’enseignement et de formation à distance, notamment l’apprentissage par les MOOC, à la manière d’un guide des bonnes pratiques, avec une approche concrète.
Ces travaux s’inscrivent dans la réflexion collective du Projet européen Erasmus+ DigiPhiLit Innovations in Methodologies and Syllabus: Digital Humanities and Philippine Literature.
SOMMAIRE
Yann Seyeux, Emmanuelle Sinardet, (Études romanes – CRIIA, Université Paris Nanterre), «Innovación en los estudios hispánicos: Aprendizaje a distancia, Humanidades Digitales y MOOC. Introducción»
1. Educación a distancia: nuevos desafíos pedagógicos
Elaine Walsh (University of Limerick, Ireland), «Harnessing online distance education methodologies to enhance teaching and learning for Literature students»
María Bosch Moreno (CEED Valencia), «Las Humanidades Digitales en la Enseñanza Superior de Grado en España»
2. Buenas prácticas en educación a distancia: dos ejemplos desde las ciencias humanas
Rocío Ortuño Casanova (Universidad de Alcalá, Universiteit Antwerpen), «Zotero en una clase online invertida: una experiencia pedagógica de enseñanza a distancia»
Clara I. Martínez Cantón, Rosa María Aradra Sánchez, Carmen María López López (UNED), «La rúbrica como elemento de formación y de autoevaluación en el comentario de textos literarios. Una experiencia aplicada a la educación a distancia»
3. El MOOC en la educación a distancia: buenas prácticas y recomendaciones
María Sánchez González (Universidad Internacional de Andalucía, Universidad de Málaga), «Les MOOC au service de l’apprentissage de la littérature : expériences récentes et clés de leurs mises en œuvre»
Arnaud Mouzat (Université Clermont Auvergne), «Retour d’expérience sur la création de MOOC à l’Université Clermont Auvergne : quelles étapes et quelle implication des acteurs ?»
Beatriz Álvarez Tardío, Macarena Gil de la Puerta, Ivana Krpan (Universidad Rey Juan Carlos), «Criterios de calidad en la educación a distancia: la evaluación de contenidos audiovisuales»
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Imaginer le réel dans les littératures centre-américaines contemporainesNo 25 (2023)
Ce volume s’intéresse aux réélaborations fictionnelles des réalités centre-américaines dans les littératures contemporaines de l’isthme, à la manière dont les auteurs centre-américains imaginent et resignifient le réel dans leurs écrits. Comment les imaginaires s’articulent-ils avec les diverses réalités qui les inspirent ? Dans quelle mesure ces écrits possèdent-ils une fonction critique, ou de quelle manière se voient-ils traversés par une aspiration axiologique qui ressortirait à une éthique et une implication de l’écrivain alliant liberté et responsabilité ? Selon quelles formes narratives, quels motifs, quelles esthétiques cela se donne-t-il à lire ? Observe-t-on, entre continuité et rupture, des héritages, des emprunts, des innovations et rénovations ?
Le présent volume, décliné en trois volets, propose d’abord une approche rétrospective de ces littératures qui permet d’apprécier des évolutions et des constantes, notamment dans le rapport à l’Histoire. Ce sont d’ailleurs les relations entre fiction et Histoire qui intéressent la deuxième section de ce numéro, dans laquelle dictature et révolution, accords de paix et après-guerre constituent des points saillants. Ceux-ci témoignent d’un lien étroit avec les sociétés plus actuelles, elles-mêmes indissociables des problématiques identitaires, autant de questions sur lesquelles se penchent les études de la dernière partie de ce dossier.
SOMMAIRE
Nathalie Besse (Université de Strasbourg), «Imaginer le réel dans les littératures centre-américaines contemporaines»
1. Entre hier et aujourd’hui, rétrospectives et évolutions
Flora Ovares y Margarita Rojas (UNA - Universidad Costa Rica ), «Ajuste de cuentas con la Historia»
Barbara Dröscher (Freie Universität Berlin), « Plotting women en Centroamérica - Las escritoras, su posición en la literatura y la cuestión de género en el último tercio del siglo XX »
Norbert-Bertrand Barbe (Universidad centroamericana UCA, Managua), «L’expression identitaire dans la littérature nicaraguayenne contemporaine: origines et conséquences – Rapide survol d'une histoire intellectuelle du siècle»
2. Fiction et Histoire
Sergio Villalobos-Ruminott (University of Michigan), «La ficción de lo real: Horacio Castellanos Moya y la pregunta por la historia»
Emiliano Coello Gutiérrez (UNED), « Imaginarios de la revolución en la literatura centroamericana contemporánea: tres novelas disidentes »
Mercedes Seoane (Universidad Nacional de Cordoba, Universidad Nacional Arturo Jauretche), «Los Acuerdos de Paz entre la historia y la ficción: una lectura de Las copas del castigo, de Berné Ayala»
Nathalie Besse (Université de Strasbourg), «Entre réel et imaginaire, jeux de miroirs et enjeux romanesques dans les romans de José Adiak Montoya»
3. Fiction, sociétés et identités
Magdalena Perkowska (Hunter College et The Graduate Center, CUNY), «El presente histórico y la estética del impasse en El hombre amansado de Horacio Castellanos Moya»
Claudia Panameño (Université de Lille, Université Bretagne Sud), «“Lo descubrí mirándome de nuevo”. La sociedad hipervigilada en Moronga de Horacio Castellanos Moya»
Julio Zarate (Université Savoie Mont Blanc), «Realidades enfrentadas: la lucha por la tierra en El país de Toó de Rodrigo Rey Rosa»
Águeda Chávez García (Universidad Nacional Autónoma de Honduras), «Comida y bebida del pueblo de tradición lenca: Un asunto de identidad en La guerra mortal de los sentidos de Roberto Castillo»
Carlos M-Castro (Investigador independiente), «Ficciones nicaragüenses ultracontemporáneas: una presentación. Donde abunda la muerte: transgresiones a lo real en la ficción novosecular nicaragüense»
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
200 avenue de la République
92000 Nanterrec.lepage@parisnanterre.fr
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Hommage à Catherine HeymannNo HS (2023)
Ce dossier sur «selvas, forêts et jardins dans les mondes hispaniques» rend hommage à Catherine Heymann, hispaniste, latino-américaniste et grande amoureuse de la nature. Il réunit des contributions issues d’approches scientifiques diverses. Uni.es par un intérêt commun pour les liens entre nature et sociétés, mais surtout par leur reconnaissance et leur attachement à Catherine et le respect de son travail, les autrices et auteurs construisent un numéro articulé autour de trois axes: la nature dans les Arts visuels, la nature comme enjeu social, politique et identitaire dans le monde hispanique et, enfin, les représentations littéraires des éléments naturels.
C’est avec joie, affection et respect que nous offrons ces mélanges à l’esprit vif et itinérant de Catherine et que nous l’invitons ainsi à quelques pérégrinations silvestres.
SOMMAIRE
Diana Burgos-Vigna, Caroline Lepage, Philippe Rabaté
Préface, «Catherine Heymann, une hispaniste en Amazonie»Bernard Darbord, Alexandra Oddo
«Le signe linguistique et son extension : ‘forêt’ et ‘bois’ en français, bosque, selva et monte en espagnol»1. En guise de préambule: textes d’autrices
Laurence Breysse-Chanet
«Pour K.»Silvia Contarini
«Sous le pin de Grazia Deledda»Nathalie Lalisse-Delcourt
«AvaGala»Modesta Suárez
«Lisières»2. La nature dans les Arts visuels en Amérique latine et en Espagne
Estelle Amilien
«K Austin en Amazonie: une réécriture contemporaine du mythe d'Eldorado»Thibaut Cadiou
«Représentations de cultures en mouvement: la peinture amazonienne contemporaine
Migrations et transformations, le cas des shipibo-conibo à Lima»Jean-Pierre Chaumeil
«Le photographe et le sauvage – Les premiers clichés de Kroehle en Amazonie péruvienne»Paola García
«El Lago Atitlán y su representación pictórica»Emmanuelle Sinardet
«Du lieu au territoire : artialisation de la selva dans la peinture de Rafael Troya (1845-1920)»Mercé Pujol Berché
«El modernismo de Gaudí : la naturaleza (jardines y bosques) hecha arte»3. La nature comme enjeu social, politique et identitaire dans le monde hispanique
Miguel Rodríguez
«Chapultepec, cerro de chapulines»Louise Benat-Tachot
«L’affaire des épices en Castille 1490-1580. La cannelle et el ají : les improbables épices américaines»Marie Lecouvey
«Les arbres de Mexico, porteurs de mémoire et d’espoir»Alvar De La LLosa
«De l’Éden amazonien au jardin du diable, regards des diplomates français en poste à Lima face à la crise de l’Orient péruvien et à la montée des revendications indigènes et ouvrières (1912-1923)»Morgana Herrera
«Dos escritores de la Selva en el Primer encuentro de narradores peruanos de 1965: Francisco Izquierdo Ríos y Arturo D. Hernández representantes de lo amazónico en Arequipa»Dalila Chine Lehmann
«Les trésors cachés du Mexique. La nature au service de la construction d’un imaginaire national»4. Représentations littéraires des éléments naturels
David Barreiro Jiménez
«Relecturas de la novela La serpiente de oro de Ciro Alegría: el espacio natural entre cohabitación y enfrentamiento»Raúl Caplán
«Humanimalidad: lectura ecocrítica de Alrededor de la jaula de Haroldo Conti»Enrique Fernández Domingo
«Paisaje y “otredad” del Perú de finales de la década de 1870 en el relato de viaje de Charles Wiener»Luis González Fernández
«De árboles y bosques septentrionales : una idea del Norte en el Jardín de flores curiosas de Antonio de Torquemada»Lina Iglesias
«Jardin, forêt, poème: les lieux d’une habitation poétique, dans l’œuvre d’Olvido García Valdés»Claude Le Bigot
«Paysage, histoire et écriture dans le Chant général de Pablo Neruda»Daniel Lecler, Claudine Marion-Andrès
«El sueño de lo invisible en “La naturaleza” de Luis Cernuda»Béatrice Ménard
«¡Árboles! ¡Árboles! ¡Árboles!” La representación de la selva en Canaima de Rómulo Gallegos (1935)»Jean-Claude Rabaté
«Martín Fierro et Unamuno (De la Pampa aux campagnes de Salamanque)»Isabelle Tauzin-Castellanos
«José T. Torres Lara, Joaquín Capelo, Olivier Ordinaire, Antonio Raimondi : révision de sources oubliées sur l’accès à l’Amazonie péruvienne»Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
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Dialogues et dialogismes dans les littératures des mondes hispaniquesNo 23 (2022)
L'objectif de ce numéro de la revue Crisol est d'étudier les rapports entre la dimension dialogique de la textualité et sa dimension dialogale. Le dialogisme, une notion voisine de celles de polyphonie, plurivocité, plurivocalité et de leurs multiples déclinaisons transtextuelles, se manifeste souvent dans un dialogue réel (entre écrivains, entre écrivains et traducteurs, entre écrivains et critiques, entre écrivains et lecteurs) ou dans un dialogue fictionnel (oral ou épistolaire) théâtral, narratif ou poétique. L'étude des dialogues qui mélangent différentes langues, dialectes et registres ou des dialogues qui mettent en avant l'oralité constitue le cœur de plurieurs travaux. D'autres proposent des réflexions sur cet autre dialogue, plus métaphorique, entre la littérature et différents arts (musique, arts visuels, bande dessinée, cinéma) et prennent en compte la dimension intermédiale, interdiscursive ou intersémiotique de leur corpus, souvent imbriquée avec une dimension dialogale. Toutes ces approches s'articulent autour d'une réflexion sur la manière dont la littérature crée un jeu dialogique avec le soubassement doxique des discours sociaux ; un jeu visant souvent à mettre en question les topoï, les orientations argumentatives sous-jacentes, les connotations valoratives implicites dans les mots, les thématiques, les motifs, les stéréotypes et les conventions qui construisent la doxa d'une langue, d'une tradition et d'une culture.
SOMMAIRE
Introduction
Graciela Villanueva (Université Paris-Est Créteil, IMAGER (UR 3958)
1. Enjeux théoriques du dialogisme
Rafaèle Audoubert (Université Jean Monnet, Université de Lyon, Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités), «Cerner la parole ? Approche définitionnelle pour l’étude des voix dialogales et dialogiques dans les littératures des mondes hispaniques»
2. Apports critiques
Enjeux stratégiques du dialogisme
Pénélope Cartelet (Univ. Lille, ULR 4074 - CECILLE - Centre d’Études en Civilisations Langues et Lettres Étrangères), «Le(s) dialogue(s) dans le Conde Lucanor de Don Juan Manuel: de la manera à la materia»
Corinne Mencé-Caster (Sorbonne Université), «XVIe siècle: dialogues et dialogisme dans El diálogo de la lengua de Juan de Valdés»
Carole Fillière (lla creatis – ut2j ), «Dialogisme et retraduction des poèmes en prose de Federico García Lorca»
Graciela Villanueva (Université Paris-Est Créteil, IMAGER (UR 3958), «Cuando el extranjero toma la palabra»
Salomé Dahan (IMAGER (UPEC), «Dialogues sur/dans Buenos Aires dans la littérature argentine contemporaine»
L'inévitable dialogisme de la création
Clémentine Lucien (Sorbonne Université-Faculté des Lettres CRIMIC-EA 2561, GRIAHAL), «Dialogisme, polyphonie et stratégie dialogale dans l’essai Dame el siete, tebano, la prosa de Antón Arrufat, de Margarita Mateo Palmer»
Claudie Terrasson (LISAA-EMHIS (EA 4120)), «Natalia Sosa: un dialogue entre confidence, réflexivité et dérobade»
Sandra Gondouin (Université de Rouen Normandie – ERIAC / CRIIA), «Parle-t-on jamais seul? Dialogues et dialogisme dans Hablar solos (2012) d’Andrés Neuman»
Laurent Gallardo (Université Grenoble Alpes ILCEA4 ), «Actos de resistencia contra la muerte d’Angélica Liddell: un nouveau dialogisme théâtral»
3. Le dialogisme vu par les traducteurs et les auteurs
Laura Alcoba, «Entretien avec la traductrice Laura Alcoba»
Véronique Béghain, «La traductrice qui entendait des voix»
Jean Canavaggio, «Entretien avec un traducteur de Don Quichotte»
Thierry Davo, « Entretien avec le traducteur Thierry Davo»
Jocelyn Dupont, «Entretien avec le traducteur Jocelyn Dupont»
François-Michel Durazzo, «L'écriture des dialogues: traduction, transposition ou recréation?»
Corinna Gepner, «Traduire en sympathie»
Laurence Kiefé, «Entretien avec la traductrice Laurence Kiefé»
Caroline Lepage, «Enjeux, difficultés et joies de la traduction des dialogues et des dialogismes»
Diane Meur, «“Mettez-vous à leur place!”»
Monique Michaud, «Entretien avec la traductrice Monique Michaud»
Christophe Mileschi, «Entretien avec le traducteur Christophe Mileschi»
Rosie Pinhas-Delpuech, «Entretien avec la traductrice Rosie Pinhas-Delpuech»
Renée-Clémentine Lucien Sorbonne (Université-Faculté des Lettres CRIMIC-EA 2561, GRIAHAL), «Entrevista a Abilio Estévez»
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
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Les lectures de Tinta en el ojoNo HS (2022)
La vocation de ce Hors série de Crisol est de recueillir les échanges du Club de lecture Tinta en el ojo, qui rassemble, une fois par mois, une vingtaine d'enseignants-chercheurs, de docteur·e·s, de doctorant·e·s et détudiant·e·s du Master Études Romanes de l'Université Paris Nanterre pour discuter de littérature autrement que depuis une perspective strictement universitaire. Que cela est difficile! Il y a effectivement là pour nous tout un processus de désapprentissage et de réapprentissage –également à la base de la décision de monter ce groupe. C'est donc en simples lectrices et lecteurs ou en simples lectrices et lecteurs engagé·e·s dans une sorte de “rééducation” que nous vous donnerons nos impressions et nos avis, absolument subjectifs et assumés comme tels, sur les livres que nous aurons choisis de lire et de commenter.
Jusqu'à récemment, nous nous sommes efforcé.es d'écrire nos compte-rendus (qui deviennent progressivement des articles scientifiques à part entière) tantôt en français, tantôt en espagnol. Et nous avons finalement décidé d'en faire une traduction systématique pour qu'ils soient disponibles dans les deux langues. Nous rattrapons progressivement notre retard pour les 16 déjà en ligne.
Bonne lecture de nos lectures!
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Este número especial de Crisol tiene por objeto compilar los intercambios del club de lectura Tinta en el ojo, que una vez al mes reúne a profesores, doctores, doctorandos y estudiantes del Máster de Estudios Románicos de la Universidad Paris Nanterre para debatir sobre literatura, pero desde una perspectiva distinta a la académica. ¡Y cuán difícil es! Efectivamente, esto nos demanda pasar por un proceso de desaprendizaje y reaprendizaje, lo cual es además el fundamento de la creación de este grupo. Es así como, en tanto simples lectores o simples lectores comprometidos con una especie de “reeducación”, daremos nuestras impresiones y opiniones, absolutamente subjetivas y asumidas como tales, sobre los libros que hemos elegido para leer y comentar.
¡Buena lectura de nuestras lecturas!
SOMMAIRE
«Rojo y negro, los colores de la ceguera en Sangre en el ojo de Lina Meruane», David Barreiro Jiménez (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Elena Geneau (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH)
«De l’horizon d’attentes au contrat d’exigences du lecteur: le cas de La hija única de Guadalupe»/ «Del panorama de expectativas al contrato deexigencias del lector: el caso de La hija única deGuadalupe Nettel», Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Laurie-Anne Laget (Sorbonne Université-CRIMIC), Caroline Lepage (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH)
«La tristesse excitante d’une femme brisée: Matate, amor, Ariana Harwicz, 2012», David Barreiro Jiménez (Université Paris Nanterre - CRIIA/HLH), Elena Geneau (Université Paris Nanterre - CRIIA/HLH) Diana Gil Herrero (Université Paris Nanterre - CRIIA/HLH), Caroline Lepage (Université Paris Nanterre - CRIIA/HLH)
«La humareda de la impunidad – Las cosas que perdimos en el fuego, Mariana Enriquez (2016)», Elena Geneau (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Julia De Ípola (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Marisol Martini (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH) Sheila Siguero Université (Paris Nanterre – CRIIA-HLH)
«Cadáver exquisito (Agustina Bazterrica), «Una cruda distopía del presente», Elsa Fernández (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Elena Geneau (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Liliana Riaboff (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH)
«Historia del llanto de Alan Pauls: prueba de hermeticidad para el testimonio», Julia De Ípola (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre – CRIIA-HLH)
«Coyhaiqueer de Ivonne Coñuecar: ¿la primera novela homoerótica patagónica?», Caroline Lepage (Université Paris Nanterre – CRIIA/HLH), Sophie Marty (Université d'Orléans), Liliana Riaboff (Université Paris Nanterre – CRIIA / HLH)
«Los abismos (2021) de Pilar Quintana: la constante propensión al vacío», David Barreiro Jiménez (Université Paris Nanterre / CRIIA – HLH), Elena Geneau (Université Paris Nanterre / CRIIA – HLH), Liliana Riaboff (Université Paris Nanterre / CRIIA – HLH)
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre/ CRIIA – HLH), Elena Geneau (Université Paris Nanterre/ CRIIA – HLH), Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre/ CRIIA – HLH) Sophie Marty (Université d'Orléans), Sabrina Wajntraub (Université Paris Nanterre/ CRIIA – HLH), «Señales que precederán al fin del mundo (2009), Yuri Herrera»
Elena Geneau Université (Paris Nanterre), Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre), Sophie Marty (Université d'Orléans), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre), «Desenterrando el lenguaje de La sed (2020), de Marina Yuszczuk»
Émilie Boyer (Université de Poitiers), Elena Geneau (Université Paris Nanterre), Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre), Sophie Marty (Université d'Orléans), «Tikal Futura (2012) : patchwork futuriste du chaos avant l’apocalypse»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre), Elena Geneau (Université Paris Nanterre), Julia de Ípola (Université Paris Nanterre), Nieves Macías (Université Paris Nanterre), «Una mirada hacia los Cielos de Córdoba, de Federico Falco»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre), «Dans les fractures de Fractura (2018), d'Andrés Neuman»
Julia de Ípola (Université Paris Nanterre), Sophie Marty (Université d'Orléans), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre), «Las malas (2019), Camila Sosa Villada»
Sophie Marty (Université d'Orléans), Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre), «L’horreur de mère en fille: Mandíbula, de Mónica Ojeda»
Sheila Siguero (Université Paris Nanterre), «Nueve comentarios sobre Temporada de huracanes de Fernanda Melchor »
Tafarel Ramos Lara (Université Paris Nanterre), «Una novela criminal, de Jorge Volpi»
Sophie Marty (Université d'Orléans) et Cecilia Reyna (Université Paris Nanterre), «La música va por dentro: El rastro, de Margo Glantz (2002)»
Julia de Ípola (Université Paris Nanterre / CRIIA), «La plume et les plumes: Las aventuras de la China Iron (2017), de Gabriela Cabezón Cámara»
Liliana Riaboff (Université Paris Nanterre), «El desencanto de lo cotidiano en Qué vergüenza de Paulina Flores»
Daniella Prieto (Cornell University), «La violencia de Esta herida llena de peces (Lorena Salazar Masso)»
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
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Femmes écrivainesNo 27 (2023)
Les 13 septembre et 4 octobre 2021, le groupe Horizons des Littératures Hispaniques et l’Atelier sur l’Histoire des Femmes dans l'Aire Hispanique Contemporaine s’associaient pour l’organisation, à l’Université Paris Nanterre, sous la houlette du Centre de Recherche Ibériques et Ibéro-Américaines, de deux journées d’étude consacrées aux femmes écrivaines en Espagne et en Amérique latine contemporaines. Au-delà des sempiternelles interrogations sur l’existence ou non d’une écriture proprement féminine ou de spécificités thématiques, techniques, voire stylistiques, propres à l’écriture des femmes – nous souhaitions partiellement laisser ces débats et autres polémiques derrière nous –, il s’agissait pour nous, tout simplement, de réunir des chercheuses et des chercheurs de nos domaines, en l’occurrence l’histoire et la littérature hispaniques et ibéro-américaines, pour évoquer des parcours de femmes, ordinaires ou extraordinaires, ayant pris la plume comme on s’installe à une tribune pour se dire elles-mêmes, parfois pour s’afficher et se revendiquer elles-mêmes, dans leurs mondes intimes, dans le monde, et dire le monde dans ses rapports avec elles. Cela donne une traversée qui nous mène de l’Espagne et du Pérou du 19e siècle à l’Espagne, à la Porto Rico, au Guatemala, à l’Argentine, à la Cuba, à la Colombie et à l’Espagne des 20e et 21e siècles ; 13 articles qui nous conduisent vers des horizons qui divergent dans les évidences, purement circonstancielles (liées au temps de l’écriture et de la réception), mais convergent en des points de jonction plus inattendus et qui, nous l’espérons, décaleront la réflexion que l’on peut faire quand on lit ce que les femmes ont à écrire… veulent écrire.
Pour ouvrir la voie, Sheila Siguero pose en quelque sorte un cadre à nos échanges en s’appuyant sur le cas de l’Argentine Mariana Enríquez (1973) afin de revenir sur la place que la critique donne et sur le rôle qu’elle a coutume de donner et d’attribuer / concéder à la polémique « question du genre » dans son analyse et son évaluation de la littérature des femmes, tantôt pour mieux les invisibiliser, tantôt, au contraire, pour les sur-exposer dans la lumière d’une pseudo identité femme qui réduit considérablement la portée de leur œuvre et des discours qu’elle porte.
Le premier axe de ce numéro, «Femmes écrivaines et société», privilégie la transversalité en réunissant des articles qui nous entraînent dans un va-et-vient entre l’Espagne et l’Amérique latine, de la fin du 19e au seuil du 21e siècle. Il réunit des autrices qui bousculent l'ordre social, dénoncent les injustices et les oppressions de toutes sortes, remettent en question le rôle qu'on leur assigne, voire franchissent la ligne rouge. Ainsi, Sylvie Turc-Zinopoulos présente une lecture de la pièce El padre Juan (1891) à la lumière du manuel de conduite érigé en modèle par la littérature édifiante en vigueur que la dramaturge espagnole Rosario de Acuña (1850-1923) détourne pour en faire un manuel de combat destructeur à la gloire de “la femme du futur”. À la même époque, au Pérou, l'écrivaine Clorinda Matto de Turner (1852-1908) publie son œuvre romanesque – Aves sin nido (1889), Índole (1891) et Herencia (1895) – dont le caractère pionnier dans l'apparition de l'indigénisme littéraire est souligné par Béatrice Ménard qui se penche également, dans les œuvres citées, sur la dénonciation des agissements de l'Église et la place fondamentale accordée à l'éducation de la femme péruvienne. Revenant en Espagne, Christian Boyer montre comment Emilia Pardo Bazán (1851-1921) s'impose sur la scène littéraire – essentiellement masculine à cette époque – avec des récits courts originaux à la rhétorique faite de sang et de brutalité qui évoquent les lointains horizons d'un Orient imaginaire ou fantasmé. Progressant dans le temps, nous passons au 20e siècle, sous la dictature franquiste, avec Claire Laguian qui s'intéresse à la réversibilité du motif de l'insularité dans une approche croisée des poèmes de Gloria Fuertes (1917-1998) et de Natalia Sosa (1938-2000) qui soulèvent la question du lesbianisme et de la difficulté à être écrivaine à cette époque en Espagne. Pour finir, en compagnie de Sophie Large, nous arrivons au début du 21e siècle et repartons en Amérique latine dans une étude comparée de Fe en disfraz de Mayra Santos-Febres (1966) et Diosa decadentes de Jessica Masaya Portocarrero (1972), romans dont le choix de la voix narrative masculine misogyne pose question dans le cadre d'un projet d'écriture féministe.
Le deuxième axe, « Femmes écrivaines et violences », réunit trois études qui abordent un sujet sensible d’une actualité toujours dramatique, sous des angles différents mais complémentaires. Qu’elle soit morale, sociale, économique ou psychologique, la violence faite aux femmes se manifeste le plus souvent sur leur corps, considéré comme objet à posséder et à soumettre. Si les atteintes au corps féminin rendent visibles, par les traces laissées, une forme de domination masculine, elles sont aussi l’expression d’une volonté de destruction et d’anéantissement de l’Autre, comme en témoigne la liste sans fin des féminicides. Dans la mesure où elles sont écrites par des femmes, les œuvres analysées dans cette section posent la question de l’expression d’un vécu intime, associée à une dénonciation : par leur diversité générique – poésie, théâtre, roman –, et par leur variété géographique – Espagne, Mexique, Argentine –, les trois contributions examinent les différentes modalités de dire et de montrer la violence, ainsi que les formes de résistance qu’elles sous-tendent. Lina Iglesias propose une lecture de la poésie d’Isabel Pérez Montalbán (Cordoue, 1964), et en particulier de son dernier recueil Vikinga (2020), en montrant comment le sujet poétique, à partir des atteintes sociales et physiques subies depuis l’enfance, se construit en résistance contre la société. Le poème se présente alors comme le lieu d’une diction sensible qui fait affleurer un douloureux vécu personnel à partir duquel est abordée la question d’un sujet féminin. Les deux articles suivants s’articulent autour du terme récent de féminicide. Ainsi, Laurent Gallardo analyse la pièce de théâtre La casa de la fuerza, dernier volet de la tétralogie du sang, écrite par Angélica Liddell (1966), qui, entre performance et théâtre, explore les limites du représentable. En mettant en scène les disparitions et assassinats de femmes qui ont lieu, depuis de nombreuses années, à Ciudad Juárez (Mexique), la dramaturge cherche à rendre visible l’invivable, construisant ainsi un contre-discours, à la fois sensible et politique. Portée par une puissante poétique scénique, la mise en scène devient un événement théâtral qui interpelle et dénonce sans compromis. Quant à Paula Klein, elle se penche sur deux romans argentins contemporains aux titres significatifs : Chicas muertas, de Selva Almada (1973), publié en 2014, et Aparecida, de 2015, écrit par Marta Dillon (1966). À partir d’une perspective féministe, ces autrices reviennent sur les féminicides et les disparitions sous la dictature militaire argentine, en mettant au jour la violence de genre. Les crimes donnent lieu à des enquêtes qui mêlent, dans le roman, fiction et documents d’archives ; en interrogeant le statut de l’écrivaine-enquêtrice comme nouvelle figure de la littérature, Paula Klein montre les modalités d’un dispositif de dénonciation.
Le troisième axe de ce volume, intitulé « Femmes écrivaines et médias », explore la relation que les femmes écrivaines entretiennent avec les médias depuis le premier tiers du 20e siècle. Tout en privilégiant là encore la transversalité, elle réunit des travaux qui s’intéressent aux productions médiatiques et médiatisées des femmes écrivaines et interrogent les motivations, les formes et les enjeux de ces prises de parole et de position qui ouvrent à la question de la femme écrivaine comme personnage public. Manuelle Peloille revient sur l’une des pionnières du journalisme en Espagne, Sofía Casanova (1861-1958). Elle s’intéresse plus particulièrement aux écrits que cette dernière produisit en lien avec son expérience de la Première Guerre mondiale et de la Révolution bolchevique. À travers la mise en regard des chroniques publiées par la correspondante de guerre dans le journal madrilène ABC et de son « roman de poupée » Viajes y aventuras de una muñequita española en Rusia (1920), elle met au jour les deux stratégies à l’œuvre dans cette mise en mots de l’expérience vécue. C’est également le caractère précurseur des écrits journalistiques de Magda Donato (Carmen Eva Nelken, 1868-1966) que met en évidence Rocío González Naranjo. En s’appuyant sur 3 reportages parus dans Ahora entre 1932 et 1935, elle montre en quoi cette figure encore largement méconnue mais représentative d’un « mouvement de femmes républicaines » peut être considérée comme la pionnière du periodismo gonzo en Espagne, quelques 40 ans avant l’apparition de ce journalisme d’infiltration aux États-Unis. Enfin, prolongeant la réflexion jusqu’à l’époque actuelle et aux nouvelles technologies de la création et de la communication, Caroline Lepage s’intéresse au blog de Zoé Valdés (1959) : zoevaldes.net. Sur la base d’une analyse minutieuse des posts qui y ont été publiés depuis 2008, elle présente une facette peu connue de l’écrivaine cubaine, celle de la « lectrice-écrivaine » dont elle examine la complexité en termes d’auto-figuration et d’auto-discours auctorial.
Pour fermer le ban, Yann Seyeux s’est intéressé, dans un quatrième axe intitulé « Femmes écrivaines et littératures numériques », à ce que l’on pourrait désigner sous l’étiquette de littérature mutante ou, en l’occurrence, de littérature 2.0, quand le littéraire échappe aux frontières sacralisées du livre papier et s’engage dans des expériences depuis ce qu’il faut bien voir ici comme une forme extrême de transtextualité ; la Colombienne Alejandra Jaramillo Morales (1971) a en effet eu recours aux outils technologiques pour relire-réécrire Rayuela, de Julio Cortázar, l’une des grandes et plus échevelées aventures expérimentales de littérature du 20e siècle… ouvrant ainsi un dialogue d’auteurs sur les formes et les formats de la littérature.
Bonne lecture à toutes et tous !
Lina Iglesias, Caroline Lepage, Béatrice Ménard, Allison Taillot, Sylvie Turc-Zinopoulos
SOMMAIRE
Sheila Siguero (Horizons des Littératures Hispaniques), «Escritura o mujer: el malestar del posicionamiento»
Partie 1 – Femmes écrivaines et société
Sylvie Turc-Zinopoulos (Université Paris Nanterre – UR Études Romanes / CRIIA), «Aproximación a El padre Juan (1891) de Rosario de Acuña desde el manual de conducta de la literatura de la domesticidad»
Béatrice Ménard (Université Paris Nanterre, UR Études Romanes / CRIIA / HLH), «Clorinda Matto de Turner: de la protección del indio a la educación de la mujer »
Christian Boyer (CRIIA, Université Paris Nanterre), «L’évocation de l’Orient dans les récits courts d’Emilia Pardo Bazán: le lointain à l’épreuve de la violence»
Claire Laguian (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Laboratoire d’Études Romanes –LER, EA4385), «Femmes et lesbiennes: le motif de l’insularité dans la poésie de Gloria Fuertes et Natalia Sosa»
Sophie Large (Université de Tours, ICD – EA 6297), «Voix narratives masculines dans la fiction féministe contemporaine: étude comparée de Fe en disfraz de Mayra Santos-Febres et Diosas decadentes de Jessica Masaya Portocarrero»
Partie 2 – Femmes écrivaines et violences
Lina Iglesias (Université Paris Nanterre / CRIIA – HLH), «Isabel Pérez Montalbán: la voix d’une “vikinga”»
Laurent Gallardo (Université Grenoble Alpes ILCEA4), «La casa de la fuerza d’Angélica Liddell: comment témoigner de l’invivable féminin?»
Paula Klein (Imager (Paris XII)- FORELLIS (Université de Poitiers), «Escritoras-investigadoras: Chicas muertas de Selva Almada y Aparecida de Marta Dillon»
Partie 3 – Femmes écrivaines et médias
Manuelle Peloille (3L.AM, Université d'Angers), «Sofía Casanova: entre les armes et les lettres»
Rocío González Naranjo (Université Catholique de l'Ouest EA 4249 HCTI Université Bretagne Sud), «Una mujer pionera del periodismo gonzo en españa: Magda Donato (1898-1966)»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre / CRIIA – HLH), «Une écrivaine lectrice à travers son blog: le cas de Zoé Valdés»
Partie 4 – Femmes écrivaines et littératures numériques
Yann Seyeux (Université Paris Nanterre – UR Études Romanes / CRIIA), «De la Rayuela al Mandala: para una lectura hipertextual de la novela digital de Alejandra Jaramillo Morales»
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Mélange 2022No 24 (2022)
Ce Hors série de la revue Crisol est le deuxième volume de Mélange de la série numérique.
Il a été conçu et coordonné par Sandra Gondouin (Université de Rouen), Laurie-Anne Laget (Sorbonne Université) et Caroline Lepage (Université Paris Nanterre) avec l’ambition d’ouvrir à des enseignants-chercheurs, à des doctorants et à des enseignants du secondaire docteurs un vrai espace de liberté pour écrire sur le sujet de leur choix et dans une totale liberté de ton.
Cela donne, nous l’espérons, une riche mosaïque, avec des réflexions qui parcourent des lignes allant du Moyen-âge au XXIe siècle, des études en littérature, en civilisation et linguistique, de l’Espagne et de l’Amérique latine.
Nul doute que grâce à ces 16 contributions, la lectrice et le lecteur auront un bel échantillon de ce qui intéresse et inquiète actuellement la communauté des chercheurs hispanistes et américanistes.
Rendez-vous dans un an pour le Mélange 2023.
Sandra Gondouin, Laurie-Anne Laget et Caroline Lepage
SOMMAIRE
Patricia Rochwert-Zuili (Université d’artois – Textes & Cultures / UR 4028), «La représentation de la mort au tournant des XIIIe et XIVe siècles: le témoignage de l’historiographie royale castillane»
Fausto Garasa (Université de Tours, ICD), «L’autorité comme élément structurant du vécu dans la casa traditionnelle du Haut-Aragon»
David Alvarez Roblin (Université de Picardie – Jules Verne), «Aventures et mésaventures transfictionnelles de l’ingenioso hidalgo cervantin»
Aude Plozner Bruder (Centre interlangues - Texte Image Langages / EA 4182), «Le système narratif dans l’adaptation graphique du Don Quichotte de Cervantès par Rob Davis»
Teresa Orrechia-Havas (Université de Caen Normandie), «Las tres caídas de Beatriz Guido»
Sophie Marty (Université d'Orléans / REMELICE), «“Una luz distinta”: el oficio del escritor en la obra de Daniel Mella»
Nathalie Besse (Université de Strasbourg - Cher ur 4376), «Modalités, enjeux et limites de l’écrivain impliqué: les romans de Gioconda Belli et de Sergio Ramírez»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre – CRIIA / UR Études Romanes), «Cincuenta años de Cien años de soledad en el diario Le Monde»
Elena Geneau (Université Paris Nanterre EA Études Romanes – CRIIA / HLH), «Cien años de soledad en Argentina: crónica de medio siglo»
Liliana Riaboff (Université Paris Nanterre – CRIIA/HLH), «Gabriel García Márquez et le choix du merveilleux»
Gaëlle Hourdin (Université Toulouse – Jean Jaurès), «¿Contar o cantar la historia? Quelques considérations sur l’importance du descriptif dans la construction du discours épique du Canto General de Pablo Neruda»
Vladimer Luarsabishvili (New Vision University, Tbilisi, Georgia), «”Azul” como metáfora en el libro Azul… de Rubén Darío: el motor metafórico de dimensión metafísica-cultural»
François-Xavier Guerry (Université Bretagne Sud, HCTI), «Patty Diphusa de Pedro Almodóvar ou la poétique de l’explicite»
Cécile Bertin-Elisabeth (Université de Limoges EHIC, Université de Limoges), «Approche iconologique des pandémies d’hier et d’aujourd’hui»
Yann Seyeux (Université Paris Nanterre – CRIIA), «The Covid Art Museum: quand l’art numérique devient pandémique sur Instagram»
Alexandra Maria De Castro E Santos Araújo (Universidade Estadual Vale Do Acaraú/ UVA - Brasil), Márluce Coan (Universidade Federal Do Ceará/UFC – Brasil), Valdecy De Oliveira Pontes (Universidade Federal Do Ceará/ UFC – Brasil), «Da multifuncionalidade do pretérito imperfeito do indicativo em Espanhol, Francês e Português»
Aurore Ducellier (Université de Limoges), «De las cárceles de Franco al desencanto: los poetas liberados frente a la Transición»
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Compte-rendus de lecture
Compte-rendu de lecture (Marc Zuili): Pedro de Valencia, Le Traité sur les Morisques d’Espagne, Vincent Parello
Compte-rendu de lecture (Sarah Voinier): Les traductions de la littérature espagnole (XVIe-XVIIIe siècle) / Las traducciones de la literatura española (siglos XVI-XVIII), Marie-Hélène Maux et Marc Zuili (dir.)
Compte-rendu de lecture (Marc Zuili): Isabelle Rouane Soupault, Une si vertueuse audace… Les femmes dramaturges dans l’Espagne du XVIIIe siècle
Compte-rendu de lecture (Odile Díaz Feliú): Jean de la Croix, Les dits de lumière et d’amour suivis de Degrés de perfection, avant-propos et traduction de Bernard Sesé
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
200 avenue de la République
92000 Nanterrec.lepage@parisnanterre.fr
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Retours à Don QuichotteNo 22 (2022)
Les commémorations qui, entre 2013 et 2016, ont marqué le quatrième centenaire de la mort de Cervantès et de la publication de ses œuvres majeures, se sont traduites par l’organisation de nombreux congrès et colloques et par une intense activité éditoriale dont il serait vain de résumer ici les fruits. Pour nous en tenir au Don Quichotte, deux types d’événements méritent tout particulièrement d’être signalés. Le premier, de caractère scientifique, est la sortie des presses d’une édition de référence, coordonnée par Francisco Rico sous l’égide de la Real Academia Española : dernière mise à jour d’une entreprise engagée de longue date, elle constitue le fleuron d’une édition des Obras completas venue remplacer avantageusement celle que Rudolf Schevill et Adolfo Bonilla y San Martín avait menée à bien il y a plus d’un siècle. L’autre, qui a sensibilisé un cercle plus large que celui des seuls spécialistes, est la parution, à quelques mois de distance, de deux romans inspirés, sur des modes différents, du chef-d’œuvre de Cervantès : Le Quichotte, de Salman Rushdie, et Rêver debout, de Lydie Salvayre. Les aventures de l’ingénieux hidalgo ont ainsi bénéficié d’une renouveau d’intérêt qui s’est partagé, en quelque sorte, entre les deux images que ce dernier nous offre traditionnellement : d’une part, le protagoniste d’un récit que l’on s’accorde à tenir pour le premier roman des Temps modernes ; d’autre part, le personnage mythique qu’il est devenu au fil de ses réceptions successives et qui, de ce fait, a été remodelé souvent très librement.
On ne sera pas surpris de constater que les cinq contributions ici réunies sous le titre Retours à Don Quichotte s’inscrivent dans la première de ces deux traditions. Trois d’entre elles envisagent sous un angle inédit des chapitres dont le sens a été parfois obscurci par le poids des commentaires. Celui qui ouvre la Première Partie fait l’objet de la part de l’auteur de ces lignes d’un examen circonscrit à ce fameux « lugar de la Mancha » d’où part don Quichotte en quête d’aventures et dont l’imprécision délibérée a fait couler des flots d’encre. Il s’emploie à montrer, à partir d’une discussion de la dernière hypothèse en date, comment toute tentative d’identification de ce lieu est par définition vouée à l’échec. Isabelle Rouane, pour sa part, s’attache, dans la Seconde partie, à l’étape décisive du séjour du héros à Barcelone. Elle envisage plus particulièrement les espaces concrets de la plage et du bord de mer qui constituent le décor récurrent des aventures qu’ils structurent. Évoqué en amont, au chapitre 60, et en conclusion, au chapitre 66, ce rivage particulier encadre l’épisode à la manière d’une scène de théâtre dont il s’agit d’analyser la mise en écriture. Marqueur textuel de l’œuvre cervantine, elle contribue à la définition d’une géo-poétique des rivages ontologiquement marquée par sa dimension pathétique. Une géopoétique à laquelle donne sa pleine l’une des péripéties de Las dos doncellas, l’une des Nouvelles exemplaires, qui, elle aussi, a le même décor pour cadre final. Quant à Jean-Paul Sermain, il examine en les comparant les conclusions respectives de la Première et de la Seconde Partie. Il montre comment l’auteur continue à se dissocier de son personnage et de son point de vue, mais en des termes inversés par rapport à tout ce qui précède, ce qui permet de suggérer une autre approche du roman que celle qui s’affirme purement critique et comique, compatible, par conséquent, avec les lectures romantiques qui lui confèrent la capacité d’émouvoir le lecteur.
Philippe Rabaté, en revanche, envisage l’ensemble du roman dans une perspective qui transcende l’enchaînement et la diversité des épisodes, en prenant pour objet la construction de Sancho Pança dont on sait qu’elle a donné lieu à une abondante littérature critique. Prenant appui sur son maniement de l’oralité et sur la relation changeante que noue l’écuyer avec le code chevaleresque de son maître, il se propose de montrer comment ce personnage, issu d’un substrat folklorique qui a connu maintes transpositions littéraires, s’affirme peu à peu comme un être inventif et capable comme tel de se faire une place dans les aventures qu’il doit vivre.
Enfin, David Alvarez reconsidère la suite d’Avellaneda à partir d’un des lieux communs qui veut que don Quichotte y finisse reclus dans l’asile d’aliénés de Tolède. A bien y regarder, estime-t-il, cette affirmation doit être nuancée. Un nouvel examen du dénouement de l’apocryphe lui permet d’en faire ressortir les paradoxes, tout en découvrant de possibles réminiscences de cette fin allographe au début du Don Quichotte de 1615.
Sans qu’il faille mésestimer tout ce qui les distingue les unes des autres, ces cinq contributions, on le voit, témoignent d’une même préoccupation : celle d’une défense et illustration de la lettre du texte cervantin, préalable indispensable à toute lecture soucieuse d’en rectifier ou d’en renouveler le sens. Retours à Don Quichotte y puise sa cohérence, sans pour autant sacrifier sa diversité.
Jean Canavaggio, Université Paris Nanterre
SOMMAIRE
Jean Canavaggio (Université Paris Nanterre), présentation
Jean Canavaggio (Université Paris Nanterre), «Un village de la Manche dont il n’y a pas lieu de se rappeler le nom»
Isabelle Rouane Soupault (Université d’Aix-Marseille), «La plage de Barcelone (Don Quichotte II, 61-64) : vers une géo-poétique cervantine des rivages»
Jean-Paul Sermain (Université Sorbonne Nouvelle), «Le repentir de don Quichotte et le double jeu de Cervantès»
Philippe Rabaté (Université Paris Nanterre), «La construction du personnage de Sancho Pança»
David Alvarez (Université de Picardie), «La fin surprenante du Don Quichotte d’Avellaneda et ses échos au début du Don Quichotte de 1615»
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
200 avenue de la République
92000 Nanterrec.lepage@parisnanterre.fr
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Construire les mémoires politiques: discours et pratiques esthétiques de résistance en Amérique latineNo 21 (2022)
Construir las memorias políticas: discursos y prácticas estéticas de resistencia en América latina
En el contexto actual, América Latina avanza en la construcción de nuevos discursos que insisten en visibilizar procesos de movilización social en contra de estructuras hegemónicas adheridos al poder. Así mismo, intenta preservar las memorias de individuos y de colectivos que constantemente crean prácticas estéticas como alternativa de resistencia política y de lucha en defensa de sus derechos. Voces y acciones que instalan nuevas preguntas, pero que además proyectan nuevas necesidades y demandas de verdad, justicia y reparación social. Un escenario complejo que nos permite hoy hablar de un despertar colectivo; un estallido social que viene sacudiendo los cimientos de un continente marcado por la pobreza, la desigualdad, la falta de políticas de inclusión y de garantías de preservación y salvaguarda de las memorias. En este número se destacan acciones y procesos realizados por actores e instituciones sociales que intentan visibilizar, mediante el uso de nuevos lenguajes, aquellas memorias subterráneas que durante años han permanecido por fuera de los archivos oficiales, o que sistemáticamente han sido borrados como estrategia de silenciamiento estatal. Estas nuevas voces, que surgen como alternativas contrahegemónicas de lucha social, nos permiten entender las dinámicas que hoy se construyen en América Latina como respuesta al creciente malestar en la sociedad. Estudios como el del origen y evolución del parlache realizado mediante el análisis de textos escritos por estudiantes de sectores marginales de la ciudad de Medellín – Colombia, dan cuenta del proceso de construcción de un repertorio discursivo marcado por la violencia que genera el narcotráfico. En esta misma óptica, los testimonios de familiares de víctimas realizados mediante la utilización de objetos personales como dispositivos de recuerdos, y como evidencia probatoria ante la justicia, constituyen una memoria viva del conflicto armado en Colombia. Del mismo modo, y en busca de nuevos soportes y nuevas lecturas que nos pemitan comprender el presente, el analisis de la obra del cineasta Victor Gaviria nos permite acercarnos al horizonte poético que emerge en su filmografía. Patrimonios que son parte de la herencia cultural de la humanidad, y que requieren una intervención para su conservación. Tal es el caso del articulo sobre la dificultad de hacer memoria sobre la dictadura cívico-militar en Brasil, donde se revela la fragilidad de las medidas para preservar los espacios en los que se perpetraron crímenes de presos políticos y civiles, así como la falta de politicas para la conformación de lugares que permitan la construcción de una memoria ejemplar para las generaciones futuras. Otros dos artículos, ambos escritos a partir de las reflexiones que nos deja la pandemia, reflejan no sólo las medidas con las que la población civil debió lidiar durante un confinamiento necesario pero excesivo, sino las problemáticas de fondo que emergieron desde leyes impuestas por instituciones del Estado que buscaban controlar a unos individuos cansados de los abusos y la falta de garantías de subsistencia básicas en Brasil. Desde otra latitud, en Colombia este fenómeno, junto al alza desmedida a los impuestos en periodo de crisis, motivó la destrucción o intervención de estatuas y monumentos en el marco de las protestas sociales del llamado Paro Nacional de 2021, el cual desató una resignificación de los valores nacionales y amplió el debate en torno a la participación, la inclusión y la legitimación de derechos fundamentales. Violencias políticas con raíces coloniales que se extienden hasta nuestros días, las cuales son evidentes en la obra de la artista plástica brasileña Rosana Paulino. Dichas piezas son un claro ejemplo de como el llamado arte negro contemporáneo se eleva como una voz de resistencia que saca a flote el racismo estructural, pero también asuntos tratados desde la teoría poscolonial como la subalternidad y el feminismo en Brasil, entre otros. Memorias que tienen puntos de conexión, pero que a la vez crean rupturas y continuidades en las luchas por los usos del pasado. Un dialogo que se construye en tiempos y espacios diferentes, y que nos permite comprender, a partir de casos como los que analiza el texto sobre las experiencias extremas de la violencia del terrorismo de Estado en Argentina, cómo las formas estéticas y narrativas de apropiación cultural de memorias crean un orden simbólico colectivo mediante el cual la lucha de un grupo puede transformarse en la lucha de todo un continente que busca acercarse a una democracia firme, imparcial y perdurable. Todas estas reflexiones, junto a la imagen que sirve de portada y que nos comparte el fotógrafo Javier Serna Sánchez, obturada el 19 de mayo de 2021 en el marco de las protestas sociales en Colombia, le dan sentido a un dossier en el que, más que simples textos, encontramos un llamado a la reflexión, la preservación y la visibilización de los discursos y las prácticas estéticas que se están produciendo en América Latina como parte de las memorias vivas que emergen en contexto de lucha social.
Construire des mémoires politiques: discours et pratiques esthétiques de résistance en Amérique latine
Dans le contexte actuel, l’Amérique latine progresse dans la construction de nouveaux discours qui cherchent à renforcer la visibilité des processus de mobilisation sociale contre des structures hégémoniques attachées au pouvoir. De même, elle tente de préserver les mémoires des individus et des collectifs qui créent sans cesse des pratiques esthétiques comme alternative de résistance politique et de lutte pour défendre leurs droits. Des voix et des actions qui posent de nouvelles questions et qui reflètent de nouveaux besoins et de nouvelles exigences de vérité, de justice et de réparation sociale. Un scénario complexe qui nous permet aujourd’hui de parler d’éveil collectif; une explosion sociale qui ébranle les fondements d’un continent marqué par la pauvreté, l’inégalité, l’absence de politique d’inclusion et le manque de garanties concernant la conservation et la sauvegarde des mémoires. Dans ce numéro, sont mis en relief des actions et des processus réalisés par des acteurs et des institutions sociales qui tentent de rendre plus perceptibles, grâce à l’utilisation de nouveaux langages, ces mémoires souterraines qui pendant des années sont restées en dehors des archives officielles, ou qui ont été effacées systématiquement, et qui constitue une mise sous silence stratégique de la part de l’Etat. Ces nouvelles voix qui surgissent comme alternatives de lutte sociale contre l’hégémonie nous permettent de comprendre les dynamiques qui se construisent aujourd’hui en Amérique latine en réponse au mal être croissant dans la société. Des études comme celle qui porte sur l’origine et l’évolution du parlache élaboré à partir de l’analyse de textes écrits par des étudiants des secteurs marginaux de la ville de Medellin- Colombie, rendent compte du processus de construction d’un répertoire discursif marqué par la violence engendrée par le trafic de drogue. Dans cette même optique, les témoignages de familles de victimes réalisés à partir d’objets personnels utilisés comme déclencheurs de souvenirs, et faisant office de preuves devant la justice, constituent une mémoire vivante du conflit armé en Colombie. De même, en quête de nouveaux supports et de nouvelles lectures qui nous permettent de comprendre le présent, l’analyse de l’œuvre du cinéaste Victor Gaviria nous permet une approche de l’horizon poétique qui émerge de sa filmographie. Patrimoine qui fait partie de l’héritage culturel de l’humanité, et qui nécessite une intervention afin d’être conservé. Il en va de même pour l’article qui traite de la difficulté de garder en mémoire la dictature civilo-militaire au Brésil, étant donnée la fragilité des mesures mises en œuvre pour préserver les espaces où furent perpétrés les crimes de prisonniers politiques et civiles, ainsi que le manque de politiques visant à la création de lieux propices à la construction d’une mémoire servant d’exemple aux générations futures. Deux autres articles, écrits l’un et l’autre à partir de réflexions inspirées par la pandémie, reflètent les mesures auxquelles la population civile a du faire face durant un confinement nécessaire mais excessif, mais aussi les problématiques de fond qui ont surgi, depuis que des lois ont été imposées par des institutions de l’Etat pour tenter de contrôler des individus lassés par les abus et le manque de garanties élémentaires pour assurer la subsistance au Brésil . Par ailleurs, en Colombie ce phénomène, auquel s’est ajoutée une hausse démesurée des impôts en temps de crise, a engendré la destruction ou la mise à mal de statues et de monuments, dans le cadre des protestations sociales de ce que l’on a appelé le Paro Nacional de 2021, lequel a déclenché une redéfinition des valeurs nationales et a élargi le débat concernant la participation, l’inclusion et la légitimation des droits fondamentaux. Des violences politiques issues du passé colonial et qui se prolongent jusqu’à nos jours, comme le démontre clairement l’œuvre de l’artiste plasticienne brésilienne Rosana Paulino. Ces réalisations témoignent clairement de la manière dont ce que l’on nomme l’art nègre contemporain s’élève comme une voix de résistance qui met en évidence le racisme structurel, mais aussi des questions traitées à partir de la théorie postcoloniale telles que la subalternité et le féminisme au Brésil, entre autres. Mémoires qui ont des points communs, mais qui en même temps créent des ruptures et des continuités dans les luttes, selon les usages du passé. Un dialogue qui s’élabore en des temps et des espaces différents, et qui nous permet de comprendre, à partir de cas comme ceux qu’analyse le texte sur les expériences extrêmes de la violence du terrorisme d’état en Argentine, comment les formes esthétiques et narratives d’appropriation culturelle de la mémoire créent un ordre collectif symbolique au travers duquel la lutte d’un groupe peut se transformer en lutte de tout un continent qui cherche à s’approcher d’une démocratie stable, impartiale et durable. Toutes ces réflexions, ainsi que l’image qui sert de couverture et que nous offre le photographe Javier Serna Sanchez, prise le 19 mai 2021 dans le cadre des protestations sociales en Colombie, donnent du sens à un dossier dans lequel, au-delà des textes, on trouve un appel à la réflexion, à la préservation et à la mise en lumière de discours et de pratiques esthétiques qui ont cours en Amérique Latine et qui participent de la mémoire vivante qui surgit au cœur de la lutte sociale.
Luis Carlos TORO TAMAYO Medellin – Colombie, janvier 2022
@ photo : Serna Sánchez Javier, Medellín, 19 de mayo de 2021 (Protesta social durante el Paro Nacional – Colombia, 2021)
Luis carlos Toro Tamayo : EDITEUR SCIENTIFIQUE
Emmanuelle Sinardet : COORDINATRICE
SOMMAIRE
Luz Stella Castañeda Naranjo (Universidad de Antioquia), José Ignacio Henao Salazar (Universidad de Antioquia), «La voz de los jóvenes marginales de Medellín – Colombia: una memoria fresca y espontánea»
Luis Carlos Toro Tamayo (Universidad de Antioquia), José Ignacio Henao Salazar (Universidad de Antioquia), «Discurso y silencio. Análisis de texto a partir de los testimonios de familiares de víctimas del conflicto armado en Colombia»
Beatriz Elena Acosta Ríos (Facultad de Artes y Humanidades –Instituto Tecnológico Metropolitano), Juan Diego Parra Valencia (Facultad de Artes y Humanidades (Instituto Tecnológico Metropolitano), «Arte, monumento y archivo. Reflexiones en torno a la obra de Víctor Gaviria como archivista de la ciudad»
Maria Leticia Mazzucchi Ferreira (Federal University of Pelotas, Rs, Brazil), Darlan de Mamman Marchi (Federal University of Pelotas, Rs, Brazil), «Resilient Heritages: The Difficult Memory of the Military Dictatorship in Brazil»
Javier Alejandro Lifschitz (Universidad Federal Del Estado de Rio de Janeiro /PPGMS), «Memoria social y pandemia en América del Sur: “libertarios”, negacionistas y el porvenir de una ilusión»
Sebastián Vargas Álvarez (Universidad del Rosario, Colombia), «Desmonte de la historia y apropiación del espacio público. Derribo e intervención de monumentos durante el Paro Nacional en Colombia (2021)»
Márcio Seligmann-Silva (Universidade Estadual de Campinas, UNICAMP, Brasil), «Rosana Paulino: a arte como resistência aos apagamentos da violência colonial»
Ludmila Da Silva Catela (IDACOR/UNC), «Memorias enlazadas – Rupturas y continuidades en las luchas por los usos del pasado»
Emmanuelle Sinardet (Université Paris Nanterre, Centre D’Études Équatoriennes - CRIIA, Études Romanes), «Compte-rendu de lecture : La escalera de Bramante de Leonardo Valencia, roman hélicoïdal»
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Las mujeres en los Andes (siglos XIX-XXI): entre la participación y la disputaNo 20 (2022)
La relevancia actual de los movimientos de mujeres y demandas en torno a sus derechos sociales, políticos, legales y reproductivos han marcado un derrotero multívoco en los debates contemporáneos de las sociedades de la región andina. Varias propuestas de sectores sociales vinculados a la lucha histórica de los movimientos de mujeres han puesto sobre la mesa la necesidad de reflexionar sobre cómo las demandas femeninas han llegado y se han situado en la palestra pública actual. Asimismo, la búsqueda de pasados históricos y de genealogías feministas que disputan discursos y perspectivas en la opinión pública evidencian la necesidad de fomentar análisis y producciones científicas sobre las demandas políticas y sociales de los movimientos de mujeres a través del tiempo. Ante este horizonte, los estudios aquí compilados buscan contribuir, desde la producción académica, a una mejor comprensión sobre el género y la participación histórica, cultural y política de las mujeres en los Andes.
Los editores, Juan Carlos Grijalva (Assumption University-Estados Unidos); Tatiana Salazar Cortez (Universidad del País Vasco / Université Paris Nanterre, CRIIA - Centre d'études équatoriennes); Emmanuelle Sinardet (Université Paris Nanterre, CRIIA - Centre d'études équatoriennes)
SOMMAIRE
Juan Carlos Grijalva, Emmanuelle Sinardet, Tatiana Salazar Cortez, «Introducción»
Alejandra Arango Londoño (Universidad de Granada), «Mujer y conflicto en Colombia durante el siglo XIX: testimonio de una combatiente en la Guerra de los Mil Días (1899-1902)»
Michal Handelsman (University of Tennessee), «“Ain’t I a Woman?” Poéticas de (re)existencia en algunas poetas afrocolombianas»
Alexandra Astudillo Figueroa (Universidad San Francisco de Quito), «Redes de mujeres en el siglo XIX Andino: carácter transnacional de un quehacer intelectual»
Ana María Goetschel (Departamento de sociología y estudios de género de Flacso- Ecuador), «El pensamiento de las mujeres y los dilemas de la emancipación: La visita de Belén de Sárraga al Ecuador»
Juan Carlos Grijalva (Assumption University), «Ventriloquismos travestis de la escritura masculina en el siglo XIX en Ecuador: las voces femeninas de Juan Montalvo»
Marlène Moret (Université de Toulouse Jean-Jaurès – Framespa), «Los feminismos de José de la Cuadra, de jurista a escritor»
Tatiana Salazar Cortez (Universidad del País Vasco UPV/ EHU- Université Paris Nanterre), «Ecuatorianas comunistas entre las décadas de los 60 y 70: estrategias locales para intereses internacionales»
Emmanuelle Sinardet (Université Paris Nanterre, Centre D’Études Équatoriennes - CRIIA, Études Romanes), «Generización de la memoria y socialización de la maternidad en Colombia: El dolor tiene cara de madre»
Diana Sarrade Cobos (Université de Bordeaux – CRIIA), «La Ley de economía popular, social y solidaria en Ecuador: ¿Una herramienta en favor del empoderamiento de las mujeres?»
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Mélange 2021No 19 (2021)
Ce numéro 19 de Crisol est le premier volume de Mélange de la série numérique.
Il a été conçu et coordonné par Sandra Gondouin (Université de Rouen), Laurie-Anne Laget (Sorbonne Université) et Caroline Lepage (Université Paris Nanterre) avec l’ambition d’ouvrir à des enseignants-chercheurs français et étrangers et – en bonus – à une traductrice un vrai espace de liberté pour écrire sur le sujet de leur choix et dans une totale liberté de ton.
Cela donne, nous l’espérons, une riche mosaïque, avec des réflexions qui parcourent des lignes allant du Siècle d’Or au XXIe siècle, des études en littérature et en civilisation, de l’Espagne, de l’Amérique latine (Uruguay, Argentine, Colombie, Mexique, Cuba, Brésil, Chili) et de l’Afrique hispanophone…
Nul doute que grâce à ces 23 contributions, la lectrice et le lecteur auront un bel échantillon de ce qui intéresse et inquiète actuellement la communauté des chercheurs hispanistes et américanistes. Rendez-vous dans un an pour le Mélange 2022.
Sandra Gondouin, Laurie-Anne Laget et Caroline Lepage
SOMMAIRE
François-Xavier Guerry (Université Bretagne Sud), «“Ella era el mercader y la mercaduría, ella era la tienda y la tendera” –Le vocabulaire érotique marchand dans le cycle célestinesque»
Bernard Darbord (Université Paris Nanterre), «Gil Vicente, O pranto de Maria Parda (Lisbonne, 1522): réflexion sur le texte»
Félix Terrones (Instituto Riva Agüero–PUCP), «Diario de viaje a París (1900) de Horacio Quiroga o la trayectoria hacia el desencanto»
Elsa Fernández (Université Paris Nanterre), «Los juegos transtextuales al servicio de la ideología: el caso de Chaves Nogales, periodista de la Revolución rusa»
Clara Berdot (laboratoire LIS (Lettres, Idées, Savoirs) - EA 4395 de l’UPEC), «“De cent façons différentes et même contradictoires”: le kaléidoscope magistro-discipulaire dans quelques fictions borgésiennes»
Amadeo López Université (Paris Nanterre), «Recepción de Cien años de soledad en España –1967-1975»
David Barreiro Jiménez Université (Université Paris Nanterre), «Barcelone et Gabriel García Márquez: le printemps du patriarche»
Gaëlle Hourdin (Université Toulouse – Jean Jaurès), «L’Elegia al Che : une esthétique de la litote dans le poème visuel brossien»
Ricardo Torre (Université Paris-Est Créteil), «Le tango dans l’œuvre de Marcelo Cohen: de la tradition à la science-fiction»
Benoît Coquil (Université de Picardie Jules Verne), «Contratapas contrarias: figure d'auteur dans les premières et quatrièmes de couverture de Rodolfo Fogwill»
Marisol Luna Chávez (Universidad Autónoma Benito Juárez de Oaxaca) et Víctor Díaz Arciniega (Universidad Autónoma Metropolitana), «Guadalupe Dueñas a contraluz de sus contemporáneas. Los temas de su narrativa»
Caroline Lepage (Université Paris Nanterre), «Saveurs, significations et resignifications dans la tétralogie des «Quatre saisons» de Leonardo Padura Fuentes»
Françoise Moulin-Civil (CY Cergy Paris Université), «Interculturalité et paratopie identitaire: le cas de la littérature et de la culture cubano-américaines»
Cécile Brochard (Université de Caen-Normandie), «Incarner les minorités dans le roman africain hispanophone et afro-brésilien: perspectives transatlantiques (María Nsué Angüe et Conceição Evaristo)»
Angélica Amancio (Université Jean Loulin – Lyon 3), «Les références intertextuelles et l’histoire des objets dans L’odeur du siphon, de Lourenço Mutarelli»
Sophie Large (Université de Tours), «Guadalupe Nettel et le boom: héritage ou contre-héritage?»
Paula Klein (IMAGER/Université de Paris-Est-Créteil et FoReLLIS/Université de Poitiers), «Archivo y secretos de familia en La sombra del púgil (2008) de Eduardo Berti»
María José Fernández Vicente (Université de Bretagne Occidentale), «Le cœur a ses raisons. Réflexions sur la place des émotions dans la pensée occidentale»
Claire Laguian Université Gustave Eiffel, «Couvrir le paratexte, occulter les processus migratoires: texte et image au service de l’impossibilité du voir dans La noche de Europa de Dionisio Cañas»
Diana Sarrade Cobos (Université de Bordeaux), «Les revendications environnementales des peuples indigènes en Équateur: une lutte locale à dimension globale»
Audrey Louyer (Université de Reims Champagne-Ardenne / CIRLEP), «La Micropedia d’Ignacio Padilla: déclinaisons d’un fantastique polymorphe»
Benoît Santini (Université du Littoral Côte d’Opale), «Migraciones en la obra de dos jóvenes autores chilenos: Charapo de Pablo D. Sheng (2016) y Éxodos de Jorge Cid (2018)»
Corinna Gepner (traductrice), «Comprendre ou ne pas comprendre»
Axelle Vatrican (Université de Toulon), «Sobre las preguntas encubiertas: el ejemplo de saber en español»
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Compte-rendu de lecture
Compte-rendu de lecture (Alexandra Oddo): Anne Monssus, La salsa cubaine en Europe et en Amérique. Comment danse-t-on « a lo cubano » ?
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Littératures ultra-contemporaines d'Amérique Centrale et des CaraïbesNo 18 (2021)
En 1997 el escritor guatemalteco Arturo Arias afirmaba en la revista Kipus lo siguiente: “Un fantasma recorre la totalidad de la narrativa centroamericana: el fantasma de las literaturas invisibles. Una literatura invisible es una que nadie lee, nadie comenta, con la cual nadie dialoga, a la cual nadie toma en cuenta…”
Podría creerse que esto ha cambiado: desde el 2013 existe el Festival anual Centroamérica Cuenta, organizado principalmente por el escritor nicaragüense Sergio Ramírez; han surgido revistas especializadas en literatura centroamericana como Istmo, Ístmica, Centroamericana, y está la publicación de los 6 tomos de Hacia una historia de las literaturas Centroamericanas. Podría parecer que las literaturas centroamericanas se han integrado al mundo globalizado.
No es la impresión que yo tengo. El Festival Centroamérica Cuenta, año con año, deja por fuera muchísimos narradores, poetas y dramaturgos centroamericanos y en cambio abunda en autores no centroamericanos (europeos, latinoamericanos). Esto podría ser una exigencia de los patronizadores, no sabemos, pero la sensación que muchos autores y autoras tenemos es que en Centroamérica Cuenta, Centroamérica NO cuenta.
Por otro lado, si bien existen las revistas mencionadas, su ámbito de difusión es muy reducido. Y respecto a que nuestra literatura se ha integrado al mundo globalizado, me temo que eso es así solamente para los autores que ya en 1997 estaban “globalizados”: Gioconda Belli, Rodrigo Rey Rosa, Sergio Ramírez, Horacio Castellanos Moya, por ejemplo.
Seguimos siendo una literatura invisible e invisibilizada para el resto del mundo a pesar de que hay muchos autores y autoras nuevas escribiendo con excelente calidad. Tenemos proyectos novedosos y geniales como el de la Editorial de Mujeres Abecedaria, estrictamente virtual y orgullosamente centroamericana.
Uno de los factores que contribuyen a esta invisibilización es que entre autores los centroamericanos no nos leemos y por lo tanto no nos ayudamos, no creamos “masa crítica”. Somos un área balcanizada. Los libros no circulan entre los diferentes países. Esto empezó a ser así a finales de los años noventa, cuando en general la literatura latinoamericana dejó de trascender fronteras, cuando ya no encontrábamos en nuestras librerías los libros de Editorial Sudamericana o de Losada, cuando murió el proyecto de EDUCA, que hacía circular los libros centroamericanos.
La razón tiene que ver, creo yo, con el neoliberalismo, que dejó al mercado la distribución de los autores. Los libros no circulan porque es más barato que se queden en su “mercado natural”, es decir, en el país del autor. Y en general nuestros países son poco lectores salvo de éxitos comerciales globalizados muy bien orquestados desde afuera, que son los que llenan los estantes de nuestras principales librerías.
Por supuesto que no todo es negro y hay editoriales como Penguin Random House que se esfuerzan en hacer circular los libros. Como ejemplo pongo mi experiencia con mi más reciente novela: Tocar a Diana. Interesó en Guatemala y entre la Editorial Penguin Random House y una organización llamada Alianza me invitaron a presentar la novela y a dar un taller. Incluso sentí una mayor acogida hacia mi novela en Guatemala que en mi propio “mercado natural”. Ojalá todas las demás editoriales hicieran esos esfuerzos y hubiera en las principales librerías de cada país (Sophos en Ciudad de Guatemala, El Hombre de la Mancha en Ciudad de Panamá, La Internacional en San José) un rincón de literatura centroamericana.
Por el momento mi conclusión es: sí, hemos avanzado un poquito. Pero demasiado poco. A los autores nos falta unión, generosidad -y en esto coincide conmigo Dante Liano, el escritor guatemalteco que vive en Italia pero publica en Guatemala- y vernos como colegas, no como competencia. Que en Centroamérica Cuenta, los centroamericanos contemos de verdad. Pero estamos muy lejos de integrarnos al mundo globalizado. El sistema de mercado y la orquestación comercial de Best Sellers mundiales traducidos o españoles es otro gran obstáculo. A veces siento que la literatura centroamericana, a pesar de que cuenta con excelentes autores y autoras de todas las edades, avanza al ritmo de Zenón, sí, el de la paradoja, que intenta salir de una habitación pero como cada vez su paso tiene que ser más pequeño que el anterior, nunca sale. Ojalá proyectos como Abecedaria y los esfuerzos de Editoriales como Penguin Random House cambien el ritmo de Zenón de la literatura centroamericana.
Anacristina Rossi
(Sandra Gondouin et Caroline Lepage remercient Ilona Ohana, Anne-Laure Potier et Lizeth Rayo Trujillo pour leur aide dans la mise en forme de ce volume)
SOMMAIRE
Dante Liano (Università Cattolica di Milano), «Cambio de Paradigma»
Emanuela Jossa (Università della Calabria), «Cuatro formas de volver a casa. Escrituras centroamericanas del regreso»
Nathalie Besse (Universite de strasbourg - cher ur 4376), «Les romans nicaraguayens: entre désillusion et nouvelles résistances»
Nathalie Besse (Université de Strasbourg - cher ur 4376), «Tongolele no sabía bailar de Sergio Ramírez: entre pouvoirs et rébellions, la contribution du roman»
Davy Desmas (Université Toulouse Jean Jaurès (CEIIBA) / INU Champollion), «Cuídese de las fantasías, y ocúpese de la invención». La fugitiva de Sergio Ramírez ou l’illusion de l’hommage»
Caroline Lepage, Elsa Fernández et Diana Gil Herrero (Université Paris Nanterre – UR Études Romanes – CRIIA / HLH), «Féminisme et tentation classiste: le cas ¡Basta! Cien mujeres contra la violencia de género – Panamá (2017)»
Audrey Louyer (Université de Reims Champagne-Ardenne / CIRLEP), «Les «cuentos» de Claudia Hernández: de l’autre côté du miroir»
Sophie Large (Université de Tours, ICD – EA 6297), «Subalternités et puissance d’agir: genre et sexualité dans El verbo J de Claudia Hernández»
Michela Craveri (Università Cattolica del Sacro Cuore), «Propuestas críticas en la poesía maya del nuevo milenio. Redes existenciales en la obra de Rosa Chávez»
Sara Carini (Università Cattolica Dde Sacro Cuore), «La poesía de Shirley Campbell Barr: reescribir el cuerpo, compartir su historia»
Sandra Gondouin (Université de Rouen Normandie ERIAC) et Jessica Pagazani (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), «Corporalité et autofiction: écrire la mémoire du corps dans Tocar a Diana (2019) d’Anacristina Rossi»
Émilie Boyer (Aix Marseille Université, CAER, Aix en Provence), «Mito precolombino y literatura juvenil: Quetzaltli, la lágrima del Creador de Javier Suazo Mejía»
Catherine Pélage (Université d’Orléans, Laboratoire REMELICE EA 4709), «Perspectivas artísticas caribeñas ultracontemporáneas: una aproximación a las performances literarias de Rita Indiana (República Dominicana)»
Dante Barrientos Tecún (Aix Marseille Université, CAER, Aix-en-Provence), «Paisajes y poesía de la costa Atlántica centroamericana: Tambor de pueblo (2013) de Carlos Castro Jo»
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Corporéité des formes brèves : structuration et déstructurationNo 17 (2021)
Dans le cadre de ses travaux de recherche sur la littérature de langue espagnole, le GRELPP (Groupe de Recherche en Littérature, Philosophie et Psychanalyse) de l’Université Paris Nanterre publie le volume Corporéité des formes brèves : structuration et déstructuration. Le présent ouvrage est le fruit du colloque international du même nom ayant eu lieu le 19 et 20 avril 2018, à l’Université Paris Nanterre. Il se propose principalement de topographier, recenser et étudier les caractéristiques des formes brèves du texte et de l’image. En tant que canalisateurs formels et culturels de multiples formes de dire le temps et l’espace de la vie moderne, les formes brèves, telles des brèches protéiformes et mouvantes, ouvrent des perspectives sans cesse renouvelées; les interstices qu'elles (re)présent leur permettent de détruire l’idée d’une réalité ordinaire, constituée d'un seul bloc. Il s’agit, par ailleurs, d’un outil transversal qui combine, associe, voire transcende différents genres.
Lorsque George Poulet définit la forme brève comme «une ombre, une esquisse, une silhouette» (1), il met en avant son aspect éthéré, difficilement saisissable, à la fois visible et diffus. Bien que la relation comparative et contrastive entre chacune des manifestations des formes brèves paraisse toujours complexe, une délimitation des frontières du sujet s'impose. En effet, « le bref » se caractérise par sa polymorphie –laquelle brouille et confond sa définition–, il peut être de longueur variable et prendre différentes apparences. Aussi, il convient de tenir compte de la distinction entre le court, «plus long, plus prolixe, plus volumineux» (2), et le bref. Les formes le plus souvent répertoriées sont l'aphorisme, le micro-récit, le récit, le conte, la nouvelle, la poésie, l'épigraphe, le dicton ou encore, la devinette. Ces shots littéraires –aussi courts qu’intenses– font que chaque coup de plume doit gagner par knockout (3), là où, selon Julio Cortázar, le roman gagne aux points. Cependant, aujourd’hui encore, les formes brèves, versatiles et inclassables, ne constituent toujours pas un genre à part entière. En effet, elles se parent non seulement des couleurs des autres genres, mais aussi des atours de l'univers imagé, pour construire leur corporéité. Leur hybridité, issue tant de la transtextualité que de l’intermédialité, remet en cause, d'une certaine façon, les formes d'expression classiques (le roman, la poésie, le théâtre, le journalisme). Toutefois, les formes brèves ne se cantonnent pas à «dire le moderne» : contrairement aux idées reçues, qui affirment que leur extension les empêche d'embrasser une expression exhaustive, elles sont capables de dire le réel –et, plus précisément, l’intime– en cassant les codes littéraires préétablis et en fixant, au passage, de nouveaux codes par le biais duquel il est possible d’accéder à l’expression de l’indicible. En cela, elles semblent atteindre ce qui n'est jamais véritablement atteint par les autres formes littéraires en dehors de l'habitude d'un dire trop connu, toujours retrouvé et exprimé de la même manière. Bien que situées au bas de l'échelle sélective de la littérature classique, les formes brèves constituent toujours un projet d'écriture novateur et alternatif, peut-être la quintessence et l'une des composantes les plus stimulantes du renouveau littéraire.
Corporéité des formes brèves : structuration et déstructuration réunit dix-huit articles de chercheuses et de chercheurs hispanistes et américanistes de diverses nationalités. Les contributions traitent des formes brèves de l’Argentine, le Chili, la Colombie, l’Espagne, la France, le Guatemala, le Mexique, le Pérou et l’Uruguay et mènent une réflexion depuis des corpus et des champs théoriques et disciplinaires variés –la peinture, la littérature, la linguistique, l’histoire, le cinéma– et couvrent une large période allant du XVIe au XXIe siècle.
Ce volume s'organise en plusieurs parties afin de pouvoir montrer la diversité totalisatrice du genre.
Dans la première partie, intitulée «La typologie et les multiples vérités des formes brèves», Bernard Darbord recense, en guise de présentation et d’introduction, la typologie de l’ensemble des formes brèves, tandis qu’Antonia López étudie le cas spécifique du proverbe.
Dans «Sous le titre Coup de crayon: la substance plastique des formes brèves», Lina Iglesias (Université Paris Nanterre) et David Barreiro Jiménez (Université Paris Nanterre) présentent la conférence du dessinateur satirique espagnol Andrés Rábago García (El Roto) sur son œuvre et ses leitmotivs.
Dans la troisième partie, «La prosodie des formes brèves», Gökçe Ergenekon (Université Lyon III) explore à son tour l’esthétique de la poésie de René Char, tandis qu’Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre) propose une approche intermédiale novatrice entre cinéma et poésie en étudiant le recueil de Roxana Miranda Rupailaf, Invocación al Shumpall et le court métrage de Gerardo Quezada El Shumpall.
La poésie ouvre la voie vers la quatrième partie, «La synergie du bref dans le théâtre», où Marjorie Colin (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) traite des ambivalences de la brièveté dans l’univers beckettien, alors qu’Inès Guégo Rivalan (Université Paris Nanterre) montre la valeur sémiotique du bref en étudiant Diálogos de Federico García Lorca.
Dans la cinquième partie, nous avons rassemblé, sous le titre «Le bref à l’orée du temps et des genres», des articles qui abordent la brièveté dans les nouvelles, les bulletins, les essais et, finalement, les supports numériques. Ainsi, Florence Raynié (Université de Toulouse II – Jean Jaurès) analyse les formes brèves dans les romans et les nouvelles de Lope de Vega en s’interrogeant sur leurs caractéristiques entre tradition et modernité. Par la suite, Caroline Berge (Université Paris Nanterre) présente les bulletins de l’auteur équatorien César Dávila Andrade et sa nature hybride à la croisée des genres de la poésie et du théâtre. Puis, Javier Rodríguez Hidalgo (Université d’Angers) travaille l’essai dans l’œuvre de Julio Camba et s’interroge sur le statut de la chronique journalistique en tant qu’essai bref. Finalement, Martín Felipe Castagnet (Universidad Nacional de la Plata – Argentine) réfléchit sur les nouvelles façons de lire un texte bref à partir de l’analyse des blogs et de Twitter en Argentine.
Dans la sixième partie, «Les espaces du bref: bifurcations et convergences», nous proposons un voyage symbolique par le labyrinthe de la brièveté dans le Cône Sud. Dans un premier temps, Ricardo Torre (Université Paris Est – Créteil) analyse le blog de microrécits d'Andrés Neuman «Microrréplicas» en évoquant leur caractère intermédial et interculturel ainsi que la force des hyperliens propres au milieu digital. Ensuite, Pablo Silva Olazábal (écrivain et journaliste – Uruguay) fait un tour d’horizon de la microfiction uruguayenne en s'intéressant à quatre auteurs canoniques.
Dans la partie suivante, «Le dynamisme des formes brèves: de l’oscillation à l’éclat», quatre articles mettent en lumière l’imaginaire du mouvement et le dynamisme des formes brèves. Géraldine Monterroso (Cornell University – New York) analyse le mouvement des mouches, expressions minimales de l’esthétique littéraire d’Augusto Monterroso dans Movimiento perpetuo. Par la suite, Irène Kristeva (Université de Sofia – Bulgarie) s’interroge sur la force des Petits traités pour percer «comme un jet» la surface du quotidien dans les essais de Pascal Quignard. Puis, Javier Perucho (Universidad Autónoma de la Ciudad de México) ouvre la voie sur les études de l’aphorisme mexicain, le «parent pauvre de la République Littéraire» et rend compte de la production aphoristique d’une dizaine d’auteurs contemporains. Enfin, Caroline Lepage (Université Paris Nanterre) et Elsa Fernández (Professeure du secondaire) démontrent que le dynamisme des formes brèves peut aussi servir les intérêts politiques des revendications féministes présentes dans le volume collectif ¡Basta! Cien mujeres contra la violencia de género. México.
Ce volume se termine par une exploration de La salle des machines des formes brèves. Raúl Brasca, Carlos Amézaga, Jacques Fuentealba et Ana García Bergua, interrogés par Elena Geneau (Université Paris Nanterre), abordent les formes brèves et leur architecture depuis la perspective auctoriale.
Nous remercions tout particulièrement Andrés Rábago García de nous avoir accordé le droit de publier son dessin dans la couverture. Son image, forme brève par excellence, révèle de manière synthétique l'hommage à Monterroso et son microrécit « Le dinosaure », ainsi que l'oscillation entre tradition et modernité des formes brèves.
Elena Geneau, Alexia Grolleau et David Barreiro Jiménez
En el marco de las actividades de investigación sobre literatura en castellano, el laboratorio GRELPP (grupo de investigación de literatura, filosofía y sicoanálisis) de la Universidad Paris Nanterre publica el volumen Corporeidad de las formes breves: estructuración y destructuración. La presente obra es el resultado del coloquio internacional del mismo nombre, que tuvo lugar los días 19 y 20 de abril de 2018 en la Universidad Paris Nanterre. Se propone principalmente topografiar, enumerar y estudiar las características de las formas breves en textos e imágenes. Como canalizadores formales y culturales de las múltiples formas de expresión del tiempo y del espacio de la vida moderna, las formas breves, cuales brechas proteiformes y fluctuantes, abren perspectivas en constante renovación y por medio de estos intersticios, permiten erradicar la idea de una realidad ordinaria hecha de un solo bloque. Además, son una herramienta transversal que combina, asocia e incluso trasciende diferentes géneros.
Cuando George Poulet define la forma breve como «una sombra, un boceto, una silueta» (1), subraya su aspecto etéreo, difícil de captar, visible y difuso a la vez. Aunque la relación comparativa y contrastiva entre cada una de las manifestaciones de las formas breves es siempre compleja, es necesario delimitar sus fronteras. En efecto, «lo breve» se caracteriza por su polimorfismo –lo que enturbia y confunde su definición–, puede tener una longitud variable y adoptar distintas apariencias. Además es conveniente tener en cuenta la distinción entre lo corto, «más largo, más detallado, más voluminoso» (2), y lo breve. Las formas más citadas son el aforismo, el microrrelato, el relato, el cuento, la nouvelle, el poema, el epígrafe, el refrán o incluso la adivinanza. Estos shots literarios –tan cortos como intensos– hacen que cada trazo de pluma deba de ganarse por knockout (3), allí donde la novela, según Julio Cortázar, gana por puntos. Sin embargo, aún hoy, las formas breves, versátiles e inclasificables no constituyen un género en sí. De hecho, no solo se engalanan con los colores de otros géneros, sino también con los atuendos del universo de la imagen, para erigir su corporeidad. Su hibridez, derivada tanto de la transtextualidad como de la intermedialidad, cuestiona en cierto modo las formas clásicas de expresión (la novela, la poesía, el teatro, el periodismo). No obstante, las formas cortas no se limitan a «hablar de lo moderno»: contradiciendo la creencia popular, que afirma que su extensión les impide abarcar una expresión exhaustiva; estas formas son capaces de expresar lo real –y más precisamente, lo íntimo– quebrantando los códigos literarios preestablecidos y fijando, en este proceso, nuevos códigos a través de los cuales es posible acceder a la expresión de lo indecible. Como resultado, parecen conseguir lo que nunca logran realmente las otras formas literarias, que acostumbran a decir las cosas de forma demasiado conocida, siempre presentadas y expresadas del mismo modo. Aunque situadas en la parte inferior de la escala selectiva de la literatura clásica, las formas breves siguen constituyendo un proyecto de escritura innovador y alternativo que bien puede ser la quintaesencia y uno de los componentes más estimulantes de la renovación literaria.
Corporeidad de las formas breves: estructuración y destructuración reúne dieciocho artículos de investigadores hispanistas y americanistas de diversas nacionalidades. Hemos recopilado contribuciones sobre las formas breves de Argentina, Chile, Colombia, España, Francia, Guatemala, México, Perú y Uruguay. Las reflexiones se llevan a cabo desde diversos corpus y campos teóricos y disciplinarios –pintura, literatura, lingüística, historia, cine– y abarcan un amplio período que va desde el siglo XVI al siglo XXI.
Este volumen está organizado en varias partes, para poder mostrar la diversidad totalizadora del género.
En la primera parte, titulada «La tipología y las múltiples verdades de las formas breves», a modo de presentación e introducción Bernard Darbord enumera la tipología del conjunto de formas breves, mientras que Antonia López estudia el caso concreto del refrán.
Bajo el título «Trazo de lápiz: la sustancia plástica de las formas breves», Lina Iglesias (Universidad Paris Nanterre) y David Barreiro Jiménez (Universidad Paris Nanterre) presentan la conferencia del dibujante satírico español Andrés Rábago García (El Roto) sobre su obra y sus leitmotivs.
En la tercera parte, «La prosodia de las formes breves», Gökçe Ergenekon (Universidad Lyon III) explora a su turno la estética de la poesía de René Char, mientras que Alexia Grolleau (Universidad Paris Nanterre) propone un enfoque intermedial innovador entre el cine y la poesía mediante el estudio del poemario de Roxana Miranda Rupailaf, Invocación al Shumpall y el cortometraje de Gerardo Quezada El Shumpall.
La poesía abre paso a la cuarta parte, «La sinergia de lo breve en teatro», donde Marjorie Colin (Universidad Sorbonne Nouvelle – Paris III) aborda las ambivalencias de la brevedad en el universo beckettiano, mientras que Inès Guégo Rivalan (Universidad Paris Nanterre) muestra el valor semiótico del escrito a partir del estudio de Diálogos de Federico García Lorca.
En la quinta parte hemos reunido, bajo el título «Lo breve a la linde del tiempo y de los géneros», artículos que abordan la brevedad en noticias, boletines, ensayos y, finalmente, medios digitales. Así, Florence Raynié (Universidad de Toulouse II – Jean Jaurès) analiza las formas breves en las novelas y cuentos de Lope de Vega cuestionando sus características entre tradición y modernidad. Caroline Berge (Universidad Paris Nanterre) presenta a continuación los boletines del autor ecuatoriano César Dávila Andrade y su carácter híbrido, en el cruce de los géneros poesía y teatro. Luego, Javier Rodríguez Hidalgo (Universidad de Angers) estudia el ensayo en la obra de Julio Camba y cuestiona el estatus de la crónica periodística como ensayo corto. Finalmente, Martín Felipe Castagnet (Universidad Nacional de la Plata – Argentina) reflexiona sobre las nuevas formas de leer un texto breve a partir del análisis de blogs y Twitter en Argentina.
En la sexta parte, «Los espacios de lo breve: bifurcaciones y convergencias», proponemos un viaje simbólico por el laberinto de la brevedad del Cono Sur. En primer lugar, Ricardo Torre (Universidad Paris Est – Créteil) analiza el blog de microrrelatos «Microrréplicas» de Andrés Neuman evocando su carácter intermedial e intercultural, así como la fuerza de los hipervínculos propios del mundo digital. A continuación, Pablo Silva Olazábal (escritor y periodista – Uruguay), ofrece un panorama de la microficción uruguaya centrándose en cuatro autores canónicos.
En la sección siguiente, «El dinamismo de las formas cortas: de la oscilación al esplendor», cuatro artículos dan testimonio del imaginario del movimiento y del dinamismo de las formas breves. En primer lugar, Géraldine Monterroso (Universidad de Cornell – Nueva York) analiza el movimiento de las moscas, expresiones mínimas de la estética literaria de Augusto Monterroso en Movimiento perpetuo. Posteriormente, Irène Kristeva (Universidad de Sofía – Bulgaria) cuestiona la fuerza de los Petits traités para perforar «como un chorro» la superficie de lo cotidiano en los ensayos de Pascal Quignard. Luego, Javier Perucho (Universidad Autónoma de la Ciudad de México) abre el camino al estudio del aforismo mexicano, el «pariente pobre de la República Literaria» y nos informa sobre la producción aforística de diez autores contemporáneos. Por último, Caroline Lepage (Universidad Paris Nanterre) y Elsa Fernández (Profesora de secundaria) demuestran que el dinamismo de las formas breves también puede servir los intereses políticos de las reivindicaciones feministas presentadas en el volumen colectivo ¡Basta! Cien mujeres contra la violencia de género. México.
Este volumen se termina con una exploración de La sala de máquinas de las formas breves. Raúl Brasca, Carlos Amézaga, Jacques Fuentealba y Ana García Bergua, entrevistados por Elena Geneau (Universidad Paris Nantrre), abordan las formas breves y su arquitectura desde la perspectiva autorial.
Nuestro especial agradecimiento a Andrés Rábago García (El Roto) por habernos cedido el derecho a la publicación de su dibujo en la portada. Su imagen, forma breve por excelencia, revela a manera de síntesis tanto el homenaje a Monterroso y su microrrelato «El dinosaurio», como la oscilación entre tradición y modernidad de las formas breves.
Elena Geneau, Alexia Grolleau y David Barreiro Jiménez
(1) Georges Poulet, Études sur le temps humain 2, Paris, Éditions du Rocher, Plon, 1952, p.81-121.
(2) Alain Montandon, Les formes brèves, Paris, Hachette, 1992, p.4.
(3) Julio Cortázar, «Algunos aspectos del cuento», Obra crítica/2, - 2ª éd. – Ciudad Autónoma de Buenos Aires, Aguilar, Altea, Taurus, Alfaguara, 2014, p.347.
SOMMAIRE
1- La typologie et les multiples vérités des formes brèves
Bernard Darbord (Université Paris Nanterre), «Typologie des formes brèves»
Antonia López (Université Paris Nanterre), «Le proverbe: une forme brève pour de multiples vérités»
2- Coup de crayon: la substance plastique des formes brèves
Andrés Rábago García, dit «El Roto» (Dessinateur, El País – Espagne), conférence «Cortocircuitos». Introduction de Lina Iglesias (Université Paris Nanterre); présentation et transcription de David Barreiro Jiménez (Université Paris Nanterre).
3- La prosodie des formes brèves
Gökçe Ergenekon (Université Lyon III), «L'éclair et l'éclat: poétique de la brièveté dans la poésie de René Char »
Alexia Grolleau (Université Paris Nanterre), «Zoom sur El Shumpall: quand le vers rencontre la bobine»
4- La synergie du bref dans le théâtre
Marjorie Colin (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III), «Corporéité des formes brèves: la forme brève dans le théâtre de Beckett»
Inès Guégo Rivalan (Université Paris Nanterre), «Sémiotique du bref dans les Diálogos de Federico García Lorca. La dynamique du tableau»
5- Le bref à l'orée du temps et des genres
Florence Raynié (Université de Toulouse II – Jean Jaurès), «Les formes brèves dans les romans et les nouvelles de Lope de Vega: tradition ou modernité?»
Caroline Berge (Université Paris Nanterre), «Boletín y elegía de las mitas à la croisée des genres»
Javier Rodríguez Hidalgo (Université d’Angers), «Julio Camba, ¿ensayista? la crónica periodística como ensayo breve»
Martín Felipe Castagnet (Universidad Nacional de la Plata – Argentine), «“Pero sea corta”: la literatura en la época de la lectura y edición digital»
6- Les espaces du bref: bifurcations et convergences
Ricardo Torre (Université Paris Est – Créteil), «Mucho más que microrréplicas. Intermedialidad e inter-culturalidad en el blog de microrrelatos de Andrés Neuman»
Pablo Silva Olazábal (Écrivain et journaliste – Uruguay), «Breve paseo microficcional por la literatura uruguaya»
7- Le dynamisme des formes brèves: de l'oscillation à l'éclat
Geraldine Monterroso (Cornell University – New York), «El movimiento perpetuo: las moscas de Monterroso»
Irène Kristeva (Université de Sofia – Bulgarie), «Les "armes de jet" du Petit traité: la brièveté, la corporéité, l’explosivité»
Javier Perucho (Universidad Autónoma de la Ciudad de México), «Lava de volcán. Erupciones del aforismo mexicano»
Caroline Lepage et Elsa Fernández (Université Paris Nanterre), «¡Basta! Mexique, un projet novateur et alternatif»
8. La salle des machines des formes brèves
Elena Geneau (Université Paris Nanterre), «Las formas breves desde la perspectiva autorial de Raúl Brasca, Carlos Amézaga, Jacques Fuentealba y Ana García Bergua».
Crisol série numérique / ISSN : 2678-1190
Directrice de la publication : Caroline Lepage
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Inventions du SudNo 16 (2021)
Ce numéro monographique de la revue Crisol, intitulé Inventions du Sud, rend compte d'un projet collectif transversal qui, pendant plusieurs années, a alimenté nos recherches au sein du laboratoire d'Études romanes. Ce fut d'abord « Actuel(s) Sud(s). Dynamiques et transformations dans l’aire romane », une grande orientation de fond qui sous-tendait les activités communes aux trois aires linguistiques et culturelles de l’unité de recherche (hispanophone, italophone et lusophone) et aux trois équipes qui les représentent : le CRIIA, le CRIX et le CRILUS. Rappelons ici, notamment, deux importantes journées-séminaires, consacrées à Invention et réinvention du sud et des suds dans les pays de langues romanes (3-4 novembre 2016), qui ont été précédées par des réunions d'un groupe de réflexion, et qui ont vu la participation d'une bonne vingtaine d'enseignants-chercheurs, doctorants et docteurs de l'Unité. Pour poursuivre nos réflexions autour de la construction et des représentations du Sud, nous avons accueilli comme professeur invité, en 2017, Roberto Dainotto (Duke University), qui a donné deux conférences : « L’éthique du Sud et l’Esprit (romantique) de l'anticapitalisme » et « Le rôle conceptuel du Sud dans le développement d'une idée de l'Europe », puis en 2018, avec le même statut de professeur invité, Antonio Sánchez Jiménez (Université de Neuchâtel) et Elsa Lechner (CES Coimbra) : leurs conférences et interventions ont porté respectivement sur la légende noire et l'approche imagologique de la question du Sud (« A propos des stéréotypes et de l'imagologie », et « Banditisme littéraire au Mexique au XIXe siècle. El Zarco, le bandit aux yeux bleus »), et sur les récits de migrations, notamment intra-européennes en direction Sud-Nord (« L’émotion de la langue : la langue comme lien identitaire et culturel dans les milieux de l’émigration » et « (Dé)constructions des dichotomies sud/nord dans des ateliers biographiques avec migrants »). Lors de ces rencontres il a beaucoup été question des « imaginaires » du Sud, ce qui nous a conduit à repenser l’orientation de notre projet et à l’envisager de façon plus collective et plus ambitieuse : grâce à la solide contribution des collègues précédemment cités, nous avons élaboré un projet intitulé ArcSouth – « Archéologies du Sud : construction et usages des Suds dans l’Europe moderne et contemporaine ». Son point de départ était le constat qu’aujourd’hui on relève dans l’espace politique européen une nette résilience des idées nationales et nationalistes, ainsi que de fortes tensions ethniques, raciales et sociales. Or, que celles-ci soient internes à l’Europe ou qu’elles mettent en jeu les rapports avec d’autres espaces politico-géographiques, ces tensions s’expriment dans un langage opposant volontiers un Nord vertueux, productif, pragmatique, et un Sud réfractaire à l’organisation moderne du travail et des relations sociales, un Nord valorisé et dominant, et un Sud dominé et subalterne. Si elle est connue comme une opposition de lieux communs, cette dichotomie continue sans aucun doute à avoir des conséquences politiques et sociales, pratiques et concrètes, comme on le voit couramment dans la vulgate économique autour de la notion d’austérité, qui va au-delà de son seul sens budgétaire, pour mettre en regard des conduites. Pourtant cette vision dichotomique ne va pas de soi ; elle exploite et reprend pour le réinventer un imaginaire sur l’Europe du Sud qui s'est constitué au fil des siècles mêlant données « naturelles » et clichés. La vision du Sud prend ainsi corps dans des représentations artistiques et des textes, et plus généralement dans des formations discursives qui participent de la construction d’une identité européenne par la spatialisation et l’ordonnancement de ses composantes. Notre projet d’« archéologie du Sud » entendait décrire les productions sémiotiques et conceptuelles du Sud qui sous-tendent ces processus symboliques, et qui en retour s’en nourrissent. Autrement dit, notre objectif était de mieux comprendre (notamment dans une perspective diachronique) les conditions d’apparition et de réapparition ainsi que la matérialisation de la dichotomie nord-sud, pour analyser les usages qui en sont faits, et les effets (attendus et/ ou avérés) de ces usages, dans l'Europe moderne et contemporaine. ArcSouth a été présenté en 2017 en vue de l’obtention d’une aide de l’Agence Nationale de la Recherche pour le Montage de Réseaux Scientifiques (MRSEI/ANR), en partenariat avec huit autres partenaires européens (universités de Cologne, Bologne, Madrid, Cadix, Neuchâtel, Coimbra, Bari, Cagliari). L'Agence Nationale de la Recherche a reconnu l’intérêt de notre projet, en constatant qu’il correspondait bien aux préoccupations sociales et européennes actuelles, notamment du fait que nous proposions de nous pencher sur l'image des Suds à travers les migrations et le métissage, mais aussi que nous prévoyions de produire des instruments méthodologiques et des concepts nouveaux ; son format, cependant, ne correspondait pas aux exigences des gros projets H2020 que nous aurions dû viser. Nous avons préféré poursuivre dans d'autres directions. Notre grand axe de recherche a pu se décliner dans d'autres projets transversaux (par exemple, le projet UPL Mondialités mineures, vers une géopolitique des savoirs et des littératures qui a donné lieu à la récente anthologie Penser la différence culturelle du Colonial au Mondial, où la question du Global South est très présente), ou par aire linguistique (par exemple, un volume de la revue « Narrativa » plus spécifiquement consacré à l'Italie contemporaine, Les nouvelles frontières du Sud, est sorti en 2018). Le projet commun de l'UR Études Romanes a trouvé son aboutissement avec le colloque Inventions du Sud. Quand le Sud construit le Sud, quand le Sud construit le Nord, quand le Sud se construit comme Nord... (champs hispanophone, lusophone, italophone), organisé à Nanterre en juin 2019, dont le présent volume publie une sélection des communications. Sans vouloir mettre un point final à nos réflexions et nos recherches, ce colloque – et partant ce volume – se propose de faire le point sur les acquis théoriques et conceptuels, sur les méthodologies, sur les problématiques que nous avions abordées tout au long de ces quatre années. Dans notre rôle de directeurs du laboratoire Études Romanes au cours de la période concernée, nous avons accompagné et animé ces réflexions et ces recherches, nous avons participé à l'organisation scientifique des manifestations organisées. C'est donc avec satisfaction que nous voyons se concrétiser en cet ouvrage les résultats de nos travaux collectifs.
Silvia Contarini et Christophe Couderc
SOMMAIRE
Françoise Dufour (La Langagière), «Du «Nord» au «Sud»: translation terminologique et impérialisme du sens»
Lorenzo Ravano (Université Paris Nanterre), «La notion de global South et l’histoire de la pensée politique»
Ramona Onnis Université (Paris Nanterre – EA 369 / CRIX), «Le Sud est-il le lieu de l’altérité? Pensées méridienne et antiméridienne»
Alessandro Benucci (Université Paris Nanterre – CRIX), «“Il Bel paese”: variations sur ce thème entre l’oubli et le souvenir, le passé et l’avenir»
Margherita Marras (Avignon Université - CRIX, Université Paris Nanterre), «Les différentes représentations du Sud et des gens du Sud dans les discours léguistes (Ligue du Nord et Ligue pour Salvini Premier)»
Giuliana Benvenuti (Università di Bologna), «Miti di Sicilia. Il commissario Montalbano di Camilleri e lo stereotipo dell’uomo mediterraneo»
Dalila Chine-Lehmann (Université Paris Nanterre), «Le refus de "n'être rien". Représentations du Sud dans les manuels de Sciences Sociales mexicains (1972-1988)»
Marie Lecouvey (Université Paris Nanterre) et Helia Bonilla (Dirección de Estudios Históricos, INAH México), «Le Mexique, pays du Nord? Auto-représentation des Mexicains dans deux publications illustrées (1854)»
Jorge Villaverde (CRIMIC- Sorbonne Université), «Une approche imagologique du Sud: voyage et tourisme dans un empire informel»
Antonio Sánchez Jiménez (Université de Neuchâtel), «Estereotipos nacionales en la novela bizantina española de entresiglos: la Selva de aventuras de Jerónimo Contreras (1582) y El peregrino en su patria (1604) de Lope de Vega»
Sandra Assunção Université (Paris Nanterre – UE 369/ CRILUS), « L’invention de la nation métisse dans Gabriela, girofle et cannelle de Jorge Amado»
Crisol remercie les réviseurs externes de ce volume :
Silvia CONTARINI (Université Paris Nanterre)
Graça DOS SANTOS (Université Paris Nanterre)
Magali DUMOUSSEAU (Avignon Université )
Laurent LOMBARD (Avignon Université)
Franco MANAI (University of Aukland)
Giulia MANERA (Université de Guyane)
Carlos TOUS (Université de Tours)
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Directrice de la publication : Caroline Lepage
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La civilisation aux concours - Amérique latine, EspagneNo 15 (2020)
Ce volume de Crisol prolonge la journée d’études consacrée aux questions de civilisation aux concours de la session 2020, qui sont maintenues au programme de la session 2021 de l’agrégation externe. Cette journée d’études, co-organisée par le CRIIA de l’Université Paris Nanterre et par l’IdA Institut des Amériques, s’est tenue le samedi 11 janvier 2020.
Le sujet de civilisation espagnole contemporaine marque un tournant dans l’histoire récente de l’hispanisme, en mettant en lumière un media considéré pendant longtemps comme peu digne d’une étude scientifique : la bande dessinée. Les travaux de Viviane Alary, Roselyne Mogin-Martin ou Benoît Mitaine, en France, ont déjà ouvert la voie depuis plus de vingt ans à la reconnaissance de cet objet d’études à la fois artistiques, littéraires et civilisationnelles. C’est cette dernière perspective qu’adopte le programme de l’agrégation externe d’espagnol, en proposant d’étudier l’élaboration d’une mémoire de l’après-guerre civile au moyen d’un support de culture populaire : la bande dessinée pour adultes. Les quatre ouvrages proposés couvrent presque 40 ans de création mais aussi de réflexion sur ce que fut l’après-guerre pour l’immense majorité de la population espagnole, depuis des points de vue différents, du fait de la personnalité de leurs auteurs, et de leur méthode de travail. Comme le rappelle Pierre-Alain De Bois dans l’article qu’il lui consacre, Paracuellos (1977-2003), la série de Carlos Giménez, s’appuie dans un premier temps sur les souvenirs de son auteur ; assez rapidement cependant, elle devient un support commun de mémoire, en ajoutant et entremêlant les récits d’autres témoins, au point de devenir une sorte de chronique collective d’une enfance sous le franquisme, dans les foyers de l’Auxilio Social. Autre forme de mémoire collective, celle des prisonnières républicaines dans les geôles franquistes que représentent Jorge García et Fidel Martínez dans Cuerda de presas (2005) : l’auteur et le dessinateur, nés à la fin des années 1970, n’ont évidemment rien vécu de ce qu’ils narrent, mais s’appuie sur les témoignages recueillis par d’anciennes victimes de la répression auprès de leurs co-détenues ; la plupart des femmes qui apparaissent dans les brefs récits de ce recueil sont des anonymes, ce qui offre à leur histoire un pouvoir de représentativité très fort. Les deux œuvres restantes s’ancrent à la fois plus dans la fiction, tout en conservant un souci de réalisme, et donc de dimension documentaire très marquée. Ainsi Los surcos del azar (2013) dans lequel Paco Roca imagine et chronique la rencontre entre un dessinateur espagnol quadragénaire et un ancien soldat républicain, incorporé par la suite aux Forces Françaises Libres et resté vivre en France sous une fausse identité, et le récit que ce dernier fait de son expérience de la guerre. Camille Pouzol interroge le passage de témoin(s) dans ce roman graphique, en montrant que les ressources particulières du genre, mêlant image et texte, sont particulièrement bien exploitées par le dessinateur valencien, dans son projet de créer une illusion de vérité, qui rende hommage à des hommes trop longtemps oubliés. Eduardo Hernández Cano s’intéresse quant à lui au scénariste de El Artefacto Perverso, Felipe Hernández Cava, en rappelant que ton intérêt pour cette période de l’immédiat après-guerre n’apparaît pas de manière soudaine à l’occasion de son travail avec le dessinateur Federico del Barrio, mais qu’il s’agit d’une constante depuis ses débuts pendant la Transition. Son article rappelle aussi combien cette question de la mémoire du système répressif mis en place par le régime franquiste a été prégnante dans l’apparition et le développement en Espagne d’une bande dessinée adulte, et qu’Hernández Cava, individuellement ou dans le cadre de collectifs, y a pris une part importante.
Le sujet de civilisation portant sur l’Amérique latine, « Explorations, conquêtes et revers de conquête : les confins amérindiens de l’Amérique du Sud (années 1530 - années 1600) », partage avec le sujet de civilisation espagnole l’ambition et l’intérêt de mettre en lumière des éléments et thématiques peu traités par l’historiographie « classique ». Il invite ainsi à déplacer le regard vers des espaces peu étudiés en tant que tels, situés sur les marches australes de l’empire au 16e siècle, et vers des acteurs invisibilisés et dont il s’agit de mettre en évidence l’agentivité, les populations amérindiennes. Employer le terme de « confins », plutôt que celui de « marge » ou de « périphérie » n’est pas innocent : il s’agit bien de dépasser la traditionnelle et réductrice dichotomie centre/périphérie, selon laquelle la périphérie serait un prolongement du centre, dépourvu de dynamique propre, ou bien un espace d’importance secondaire face à un centre où s’exprimeraient les principaux enjeux et acteurs d’une époque. Car, pour reprendre l’expression de Reynaud dans son essai Société, Espace et Justice publié en 1981, si le centre est là où les choses se passent, alors ces confins présentés comme lointains doivent être considérés comme des centres. En effet, il s’y passe beaucoup de choses qui éclairent d’un jour nouveau les processus de la conquête et de la colonisation espagnoles. L’étude de ces confins contribue, comme le fait Matthew Restall dans son célèbre Seven Myths of the Spanish Conquest publié en 2003, à remettre en question la légende historiographique d’une Conquête éclair, en montrant les difficultés, les défaites et les échecs de celle-ci et son caractère inachevé dans les années 1610. Ces confins s’avèrent aussi des centres lorsque s’y nouent les rivalités géopolitiques entre puissances européennes, dans le détroit de Magellan par exemple, situé aux confins des confins qu’est le sud chilien, mais pourtant espace stratégique de l’accès au Pacifique. C’est précisément ce que s’emploie à montrer Hélène Roy, dans son article « Les confins amérindiens au cœur du pouvoir : stratégie de carrière des conquérants et enjeux géopolitiques pour la Monarchie hispanique. Le cas d’Álvar Núñez Cabeza de Vaca (XVIe siècle) ». Si elle admet que les confins sont des territoires aux marges, échappant totalement ou en partie au contrôle de la Couronne, c’est pour mieux souligner qu’il existe une géopolitique des confins qui se met en place en réponse aux poussées expansionnistes de rivaux européens dans les Indes. Hélène Roy montre également que ces confins signifient des enjeux importants pour la politique intérieure du Pérou, car ils représentent, dans la seconde moitié du 16e siècle, les derniers réservoirs possibles de richesses dans le vice-royaume. Les soldats exclus des butins des premières vagues de conquête peuvent espérer y réaliser leur rêve de richesses et d’honneurs, comme l’atteste, du reste, le déplacement continu des horizons mythiques de l’Eldorado ou de la Cité des Césars vers ces espaces. Parce qu’ils permettent de « descargar la tierra » – pour reprendre l’expression utilisée dès les années 1540 –, les confins contribuent à la consolidation d’un édifice colonial encore fragile au Pérou, en raison des différends et guerres civiles. Pour sa part, dans l’article « Une poétique des confins : La Araucana (Chili, second XVIe siècle) », Aude Plagnard revient sur une caractéristique essentielle des confins amérindiens étudiés, leur instabilité non seulement militaire, mais aussi politique et culturelle. Elle observe alors comment les acteurs de la conquête y produisent de nouveaux récits, en particulier poétiques, devant contribuer à les inscrire dans une tradition épique, alors même qu’ils subissent échecs et défaites. Aude Plagnard s’appuie sur le cas chilien et en particulier sur le poème épique La Araucana, car l’œuvre joue un rôle essentiel dans la construction d’une matrice discursive où les « revers de conquête », pour reprendre l’intitulé su sujet de l’agrégation, servent la construction d’une figure de l’adversaire araucan à la mesure des exploits espagnols et participent du récit d’une glorieuse épopée chilienne. Aude Plagnard y voit là le trait majeur d’une « poétique des confins », où les récits restent forcément inachevés, puisque les adversaires résistent héroïquement à l’expansion coloniale de la Couronne et que la Conquête reste inachevée.
Avec ce volume 15 de Crisol, nous espérons à la fois donner des outils aux candidats à l’agrégation à la session 2021 pour se préparer au concours, mais aussi participer à la construction d’une réflexion sur ces deux sujets qui, espérons-le, continueront d’inspirer la recherche en civilisation latino-américaine et espagnole dans les prochaines années.
Emmanuelle Sinardet, Eva Touboul
La journée d'étude et les débats sont disponibles en video ici:
- Amérique
- EspagneSOMMAIRE
Pierre-Alain De Bois, "La bande dessinée Paracuellos: entre mémoire individuelle et mémoire collective d’une enfance sous le franquisme"
Camille Pouzol, "Los surcos del azar ou les jeux de témoin : les différents "je" et le langage bédéïque entre mémoire et hommage"
Eduardo Hernández Cano, "Memoria y mercado de la historieta. Cuatro obras en su campo cultural"
Hélène Roy, "Les confins amérindiens au cœur du pouvoir : stratégie de carrière des conquérants et enjeux géopolitiques pour la Monarchie hispanique. Le cas d’Álvar Núñez Cabeza de Vaca (XVIe siècle)"
Aude Plagnard, "Une poétique des confins : La Araucana (Chili, second XVIe siècle)"
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Compte-rendu de lecture
Compte-rendu de lecture (Emmanuelle Sinardet): Guápulo d’Alfredo Noriega, roman quiténien endeuillé
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