Hommage à Amadeo López

Amadeo López est né en Espagne en 1934, à Bustarga, petit village du Bierzo, une région à laquelle, malgré l’éloignement, il est resté profondément attaché. D’ailleurs, lors des séjours estivaux qui sans cesse le ramènent à la terre natale, il n’a jamais hésité à recueillir témoignages oraux et traditions séculaires afin de maintenir vivace une mémoire à la fois collective et intime.

C’est à l’âge de 19 ans qu’il arrive en France, consacrant ses premières études à la Philosophie : une Licence puis, à Louvain (Belgique), un premier Doctorat. De retour en France, c’est d’abord la Philosophie qu’il enseigne puis l’Espagnol, durant plusieurs années, dans le secondaire, tout en étant chargé de cours à l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III.

En 1989, il soutient, à la Sorbonne, une Thèse d’État en Lettres et Sciences Humaines : La conscience malheureuse dans le roman hispano-américain contemporain. Dès lors, la carrière universitaire d’Amadeo López se déroule essentiellement à l’Université Paris X-Nanterre dont il est, aujourd’hui, professeur émérite. Il y a enseigné sa spécialité, la littérature hispano-américaine, mais n’a jamais dédaigné pour autant d’autres types d’enseignement. On se souvient, par exemple, de son énergique contribution au développement de ces filières d’excellence que sont les Bi-Deug Droit-Espagnol et Économie-Espagnol.

Mais sans doute doit-on lui être redevable, par-dessus tout, de la création et du rayonnement, jamais démentis jusqu’à ce jour, du GRELPP, le Groupe de Recherche En Littérature, Philosophie et Psychanalyse, qu’il a porté sur les fonts baptismaux au milieu des années 90. Inlassablement inspirée par son fondateur et nourrie par des chercheurs de tous horizons universitaires, l’équipe oriente dès le début ses travaux vers la littérature de langue espagnole (aussi bien péninsulaire qu’américaine), abordant, lors des séminaires réguliers et conviviaux qui les rassemblent, des thèmes transversaux, renouvelés tous les deux ans et couronnés, en fin de cycle, par un colloque international. C’est ainsi que, tour à tour, ont été disséquées, avec délectation et enthousiasme, les « figures parentales », les « figures de la violence », les « figures de la mort » et, à l’occasion de cet hommage, les « figures du désir ». Malgré les apparences, il n’y a nulle figure imposée, mais plutôt une réflexion commune toujours placée sous le signe d’une très grande liberté.

La littérature, la philosophie, la psychanalyse sont – on l’aura compris – les passions d’Amadeo López qu’il sait partager et transmettre. L’unité que révèle la liste de ses publications ne saurait se confondre avec l’uniformité. Au contraire. L’obsession qu’il affiche pour les thèmes et les méthodes psychanalytiques engendre et féconde une critique littéraire inédite, creuse sans cesse de nouvelles perspectives, conduit à l’approfondissement, invite tous ceux qui ont décidé de le suivre à traquer, derrière le mot, le sens inédit, derrière l’horizon apparemment lisse de la littérature espagnole et hispano-américaine, la face cachée et inavouable des êtres et des choses. Et l’on ne saurait omettre de parler ici d’Unamuno auquel non seulement il a consacré des travaux essentiels mais sur l’œuvre duquel, encore et toujours, il s’interroge sans relâche. Cette préoccupation pour l’Espagne et la pensée espagnole constitue, plus qu’un simple retour aux sources, une manière de viatique.

Que ce soit dans les couloirs du bâtiment F de Nanterre ou sur les chemins de traverse du Bierzo, dans les terres familières de León ou de la Normandie, ou bien encore celles, apprivoisées, des Landes, c’est le même appétit qui guide Amadeo López, le même amour de la vie, le même « désir de jouissance »..., toutes vertus extrêmement contagieuses, auxquelles nous avons à cœur de rendre hommage ici même.

 

Ses amis du GRELPP et d’ailleurs…

 

Publiée: 2019-03-03

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